Michael Jackson : La Discographie Complète du King of Pop des Jackson Five à Son Dernier Album

Discographie de Michael Joseph Jackson

Il demeure l’une des figures les plus emblématiques et influentes de l’histoire de la musique populaire.

Né le 29 août 1958 à Gary, dans l’Indiana, et décédé le 25 juin 2009 à Los Angeles, en Californie, il a révolutionné l’industrie musicale pendant près de quarante-cinq ans de carrière.

Surnommé le « King of Pop », il a vendu plus d’un milliard d’albums à travers le monde, se classant parmi les trois plus gros vendeurs de disques de tous les temps aux côtés des Beatles et d’Elvis Presley.

Son album Thriller (1982) reste à ce jour le plus vendu de l’histoire avec plus de 100 millions d’exemplaires écoulés.

Les origines familiales et l’enfance à Gary, Indiana

Michael Jackson est né au Mercy Hospital de Gary, septième enfant d’une fratrie qui comptera finalement dix enfants.

Son père, Joseph Walter Jackson, dit « Joe », né le 26 juillet 1928 à Fountain Hill en Arkansas, travaillait comme grutier dans une aciérie de cette ville ouvrière de l’Indiana.

Sa mère, Katherine Esther Scruse, originaire de l’Alabama, s’était mariée avec Joe en 1949.

La famille vivait dans une modeste maison de deux pièces située au 2300 Jackson Street, dans un quartier noir de Gary.

L’enfance de Michael fut marquée par une discipline extrêmement stricte imposée par son père Joe Jackson.

Ancien boxeur amateur, Joe avait lui-même été élevé par un père violent et reproduisit ce schéma de maltraitance avec ses propres enfants.

Les répétitions quotidiennes des Jackson Brothers, qui deviendront les Jackson Five, se déroulaient dans une atmosphère de peur et de tension.

Joe battait ses fils avec sa ceinture à la moindre erreur, sous le regard impuissant de leur mère Katherine.

Michael, le plus petit et le plus sensible de la fratrie, souffrait particulièrement de ces brimades.

Son père se moquait également de son apparence physique, le traitant de « gros nez », un traumatisme qui marquera profondément l’artiste et influencera sa relation ultérieure à la chirurgie esthétique.

Malgré ce contexte difficile, Katherine Jackson se souvient que Michael était un enfant vif, espiègle et différent des autres. Baignant dans une famille musicale, les enfants Jackson chantaient dès leur plus jeune âge.

Joe, qui avait lui-même formé un groupe de blues avec son frère, The Falcons, sans jamais percer, décida de créer un groupe avec ses fils.

Manifestant des talents rares de chant et de danse, le petit Michael fut choisi comme leader du groupe malgré son jeune âge.

L’épopée des Jackson Five et l’ascension vers la gloire (1963-1971)

Le groupe, initialement nommé « The Jackson Brothers », est créé en 1963.

Il comprend au départ Jackie, Tito, Jermaine, Marlon et Michael, accompagnés par deux musiciens expérimentés, Johnny Jackson à la batterie et Ronnie Rancifer aux claviers.

Le groupe donne son premier concert professionnel en 1963 dans une boîte de nuit de Gary pour un cachet de 8 dollars.

Sous la férule de Joe Jackson, les enfants se produisent dans des clubs, des concours et même des établissements de strip-tease.

En 1968, une rencontre déterminante change le destin de la famille Jackson. Bobby Taylor, un artiste de la Motown, remarque le groupe et arrange une audition pour le prestigieux label de Detroit fondé par Berry Gordy.

Le 29 août 1968, Joseph Jackson et ses enfants se rendent à Detroit pour l’audition.

Berry Gordy, immédiatement séduit par le charisme et le talent du jeune Michael, décide de signer le groupe.

Il fait déplacer les Jackson Five en Californie, où ils sont provisoirement hébergés chez Berry Gordy lui-même et chez Diana Ross.

Le 7 octobre 1969, leur premier single « I Want You Back » devient un tube phénoménal. Les Jackson Five enchaînent ensuite les succès avec « ABC », « I’ll Be There » (1970), « Mama’s Pearl » et « Never Can Say Goodbye » (1971).

Michael, avec sa voix acidulée et son charisme naturel, devient rapidement la vedette incontestée du groupe.

À seulement onze ans, il est déjà une star internationale.

Les débuts en solo sous la Motown (1971-1975)

Parallèlement à sa carrière avec les Jackson Five, Michael entame une carrière solo au sein de la Motown dès 1971.

Le 7 octobre 1971, son premier single solo « Got to Be There » est commercialisé et devient un succès classé au Top 5.

Son premier album homonyme sort en janvier 1972.

En 1972, la chanson « Ben », issue de la bande originale du film du même nom, devient son premier numéro un en solo et lui vaut un Golden Globe ainsi qu’une nomination aux Oscars.

Cette ballade sur l’amitié entre un garçon et son rat domestique révèle la sensibilité vocale unique du jeune Michael.

Les albums Music and Me (1973) et Forever, Michael (1975) ne rencontrent pas le même succès que les précédents.

À cette époque, le statut des Jackson Five commence également à décliner graduellement. En 1975, des tensions apparaissent entre le groupe et Berry Gordy concernant la liberté artistique et les redevances.

Le 28 mai 1975, les Jackson Five quittent définitivement la Motown pour Epic/CBS, devenant simplement « The Jacksons » (Motown conservant les droits sur le nom « Jackson Five »).

Jermaine, marié à la fille de Berry Gordy, préfère rester à la Motown et quitte temporairement le groupe.

La rencontre avec Quincy Jones et Off the Wall (1978-1979)

En 1977, Michael Jackson obtient un rôle dans le film The Wiz, une adaptation afro-américaine du Magicien d’Oz, aux côtés de Diana Ross.

C’est sur le tournage de ce film qu’il rencontre Quincy Jones, qui assure la direction musicale.

Cette rencontre fortuite s’avère déterminante pour la carrière de Michael.

À 19 ans, il cherche un producteur pour lancer véritablement sa carrière solo d’adulte.

Quincy Jones, musicien de jazz légendaire, arrangeur, orchestrateur et compositeur de musiques de films, accepte de produire son prochain album.

Les sessions d’enregistrement d’Off the Wall se déroulent entre le 4 décembre 1978 et le 3 juin 1979, principalement aux studios Cherokee et Westlake à Hollywood.

Quincy Jones met au service de cet album un ingénieur du son exceptionnel, Bruce Swedien, qui collaborera avec Michael sur tous ses albums suivants.

Une armée de musiciens de renom participe à l’enregistrement : le claviériste Greg Phillinganes, le batteur John « JR » Robinson, le percussionniste Paulinho Da Costa, le guitariste David Williams.

L’album sort le 10 août 1979, trois semaines avant le 21ème anniversaire de Michael. Le premier single, « Don’t Stop ’til You Get Enough », composé par Michael lui-même, révolutionne la face de la musique.

Cette chanson disco-funk de très haute volée, caractérisée par l’utilisation magistrale du falsetto et des premiers tics vocaux de Michael, atteint la première place du Billboard.

Le titre « Rock With You » connaît également un succès phénoménal.

Off the Wall mélange disco, funk, soul et pop avec une sophistication inédite.

L’album se vend à plus de 20 millions d’exemplaires dans le monde et établit Michael Jackson comme un artiste solo majeur.

Avec cet album, Michael acquiert ses galons de futur Roi de la Pop.

Le critique musical souligne que ce disque représente « la métamorphose d’un enfant en artiste, d’une voix en vision ».

Thriller : l’apogée et le phénomène mondial (1982-1983)

Après le succès d’Off the Wall, Michael Jackson et Quincy Jones se remettent au travail pour créer un album encore plus ambitieux.

Les sessions d’enregistrement sont intenses et marquées par le perfectionnisme des deux hommes.

Michael Jackson, déterminé à améliorer ses pas de danse, s’isole et passe de longues heures à répéter en solitaire, ce qui dégrade ses relations avec Quincy Jones.

Les deux hommes passent également de très longues heures à remixer chaque chanson, insatisfaits du premier rendu.

Thriller sort le 30 novembre 1982 sous le label Epic Records.

L’album comprend neuf titres qui explorent divers genres : post-disco, soul, funk, rock, R&B et pop.

Le premier single, « The Girl Is Mine », un duo avec Paul McCartney, sort en octobre 1982.

Bien que ce titre ne soit pas salué par la critique, le deuxième single change la donne : « Billie Jean » se hisse directement en tête des charts dans de nombreux pays.

Le 25 mars 1983, Michael Jackson présente pour la première fois le moonwalk en direct à la télévision lors de l’émission spéciale Motown 25: Yesterday, Today, Forever, devant 47 millions de téléspectateurs américains.

Vêtu de son costume noir à paillettes, chaussettes blanches et gant blanc à paillettes, il exécute ce pas de danse qui deviendra sa signature.

Le moonwalk, bien qu’inspiré de techniques existantes comme le « backslide » pratiqué par des danseurs comme Bill Bailey dans les années 1950, est perfectionné et popularisé par Jackson qui le transforme en un glissement fluide et élégant.

Thriller devient rapidement un phénomène culturel sans précédent.

L’album reste classé pendant 37 semaines en première position du Billboard 200 et figure dans le Top 10 pendant ses 80 premières semaines.

Il génère sept singles classés dans le Top 10, dont « Billie Jean », « Beat It » (avec le solo légendaire d’Eddie Van Halen), « Thriller », « Wanna Be Startin’ Somethin’ », « Human Nature », « P.Y.T. (Pretty Young Thing) » et « The Girl Is Mine ».

Le clip de « Thriller », réalisé par John Landis, révolutionne le genre du vidéoclip.

Ce court-métrage de 14 minutes, avec son budget de plusieurs millions de dollars, ses effets spéciaux spectaculaires et sa chorégraphie de zombies iconique, transforme le clip musical en œuvre cinématographique.

Il devient le seul vidéoclip sélectionné pour être inclus dans le prestigieux National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès.

L’album remporte huit Grammy Awards en 1984, plus qu’aucun autre album jusqu’alors.

Les ventes mondiales de Thriller dépassent les 66 millions d’exemplaires, et en 2015, il est certifié 30 fois disque de platine aux États-Unis, une première dans l’histoire de l’industrie du disque.

Cet album propulse définitivement Michael Jackson au rang d’icône mondiale et de plus grande star de la planète.

Bad : affirmer sa domination (1987)

Après le triomphe colossal de Thriller, les attentes pour le nouvel album de Michael Jackson sont immenses.

Les sessions d’enregistrement de Bad débutent en janvier 1985 et se poursuivent jusqu’en juillet 1987, s’étalant sur plus de deux ans et demi.

Il s’agit du troisième et dernier album produit en collaboration avec Quincy Jones.

Michael Jackson aurait écrit environ soixante chansons et en aurait enregistré trente-trois, souhaitant initialement sortir un triple album.

L’album Bad sort le 31 août 1987. Il marque une évolution dans le style de Michael Jackson qui adopte un son plus agressif et plus urbain, incorporant davantage de rock et de sons synthétiques.

Michael compose et coproduit tous les titres sauf deux.

L’album explore des thèmes comme les médias, la paranoïa, le profilage racial, la romance et la paix mondiale.

Dix titres composent le vinyle, dont « Bad », « The Way You Make Me Feel », « Smooth Criminal », « Man in the Mirror », « Dirty Diana », « Another Part of Me », « I Just Can’t Stop Loving You » (en duo avec Siedah Garrett), « Liberian Girl » et « Speed Demon ».

Neuf d’entre eux bénéficient d’une sortie en single, établissant un nouveau record.

Le clip de « Smooth Criminal », inspiré en partie par le numéro « Girl Hunt Ballet » de Fred Astaire dans le film The Band Wagon, devient l’un des plus iconiques de la carrière de Michael.

Il présente pour la première fois l’« anti-gravity lean », ce mouvement apparemment impossible où Michael se penche à 45 degrés vers l’avant, défiant les lois de la gravité grâce à des chaussures spécialement conçues et à une incroyable force musculaire.

Bien que Bad n’atteigne pas les chiffres stratosphériques de Thriller, l’album se vend à plus de 35 millions d’exemplaires dans le monde. Le Bad World Tour, qui débute en 1987, établit de nouveaux records de fréquentation et génère des revenus considérables.

Malgré les tensions pendant l’enregistrement, Quincy Jones déclare : « C’est difficile pour moi d’expliquer comment Quincy Jones et moi travaillons ensemble quand nous faisons un album.

Ce que je fais, c’est que j’écris la chanson et la musique, et Quincy arrive à sortir ce qu’il y a de mieux en moi ».

Dangerous : l’ère du New Jack Swing (1991)

Pour son huitième album studio, Michael Jackson décide de se séparer de Quincy Jones après plus d’une décennie de collaboration fructueuse.

Il découvre le new jack swing, un genre émergent mélangeant hip-hop et R&B, et embauche Teddy Riley, pionnier de ce style, comme coproducteur.

Bill Bottrell et Bruce Swedien complètent l’équipe de production.

Dangerous sort le 25 novembre 1991, après plus de quatre ans d’absence depuis Bad.

L’album marque un changement artistique notable pour Jackson, avec une musique qui se concentre davantage sur des sujets socialement conscients et explore une palette sonore plus large.

Au moment de l’enregistrement, Michael avait déjà enregistré plus de 50 chansons.

L’album final comprend 14 titres incorporant le new jack swing, le gospel, le rap, le hard rock et même de la musique classique (dans l’introduction de « Will You Be There »).^[40][39]

Les singles extraits de Dangerous connaissent un succès international considérable : « Black or White » (avec un clip controversé), « Remember the Time », « In the Closet », « Who Is It », « Jam » (avec Heavy D), « Heal the World » et « Give In to Me » (avec Slash à la guitare).

« Black or White », qui sort le 14 novembre 1991, crée l’événement avec son clip réalisé avec Macaulay Culkin et sa séquence de morphing révolutionnaire, jamais vue jusqu’alors.

« Heal the World », chanson dont Michael était le plus fier, illustre ses préoccupations humanitaires.

Enregistrée avec des voix d’enfants, cette ballade apaisante reflète son combat contre la famine infantile dans le monde.

Le Dangerous World Tour, lancé en 1992, génère 100 millions de dollars de recettes.

Avec Dangerous, Michael Jackson prouve sa capacité à évoluer et à intégrer les nouveaux courants musicaux tout en conservant son identité artistique unique.

L’album se vend à plus de 32 millions d’exemplaires dans le monde.

HIStory : un double album entre rétrospective et résilience (1995)

Le milieu des années 1990 représente une période éprouvante pour Michael Jackson.

Les allégations de pédophilie portées contre lui en 1993, bien que réglées hors tribunal, ternissent son image publique.

Sur le plan personnel, il prend des antidépresseurs et autres médicaments, et son mariage avec Lisa Marie Presley, fille d’Elvis, s’avère éphémère. Son apparence physique continue également de changer radicalement.

HIStory: Past, Present and Future – Book I, son neuvième album studio, sort le 1er mai 1995.

Il s’agit d’un double album ambitieux.

Le premier CD, « HIStory Begins », est une compilation de quinze de ses plus grands succès.

Le second, « HIStory Continues », contient quinze titres dont quatorze inédits.

Le titre de l’album joue sur les mots entre « His story » (« Son histoire ») et « History » (« Histoire »), reflétant la volonté de Michael de graver son héritage dans le marbre sonore.

L’album explore des thèmes plus sombres et personnels que ses précédents opus.

« Scream », un duo énergique avec sa sœur Janet Jackson, ouvre le disque avec un clip qui détient le record du plus cher jamais réalisé (plus de 7 millions de dollars).

« Earth Song », l’un des titres les plus puissants de l’album, aborde les préoccupations humanitaires, animales et écologiques de Michael.

« They Don’t Care About Us », malgré une controverse sur ses paroles, devient un hymne contre l’injustice sociale.

« Stranger in Moscow » révèle la solitude et l’isolement de l’artiste face à la célébrité.

HIStory se vend à plus de 20 millions d’exemplaires dans le monde, devenant l’album double le plus vendu de tous les temps.

La tournée HIStory World Tour (1996-1997) attire des millions de spectateurs à travers le monde.

Invincible : le dernier album studio (2001)

Six ans après HIStory, Michael Jackson sort Invincible le 30 octobre 2001.

Il s’agit de son dixième et dernier album studio de son vivant, son sixième album solo chez Epic Records.

Avec un budget de production estimé à 55 millions de dollars, il devient l’un des albums les plus chers jamais produits.

L’album incorpore du R&B contemporain, de la pop et des éléments de new jack swing. Michael Jackson collabore avec de nombreux producteurs, dont Rodney Jerkins, Teddy Riley et R. Kelly.

Le premier single, « You Rock My World », sort le 24 août 2001 et connaît un succès immédiat en Europe et en Australie, devenant numéro un en France.

Cependant, aux États-Unis et au Japon, le succès est plus mitigé.

Seuls trois singles sont extraits de l’album : « You Rock My World », « Cry » (une chanson sur le même thème que « Heal the World » mais sans vidéoclip en raison d’un conflit avec Sony) et « Butterflies » (sans promotion ni vidéo).

Les tensions entre Michael Jackson et Sony Music à propos de la promotion de l’album deviennent publiques.

Malgré le contexte difficile des attentats du 11 septembre 2001 et le manque de promotion, Invincible se vend à plus de 10 millions d’exemplaires dans le monde.

Les critiques sont partagées : certains y voient une réussite sur plusieurs plans avec des morceaux comme « Unbreakable » (avec The Notorious B.I.G.), « Heartbreaker », « Break of Dawn » et « Speechless », tandis que d’autres le considèrent comme décevant par rapport aux standards de Jackson.

Invincible marque la fin de la carrière discographique de Michael Jackson.

Il décède le 25 juin 2009, à l’âge de 50 ans, quelques semaines avant le début de sa série de concerts « This Is It » prévue à Londres.

Les collaborations et méthodes de travail en studio

La collaboration avec Quincy Jones

La relation professionnelle entre Michael Jackson et Quincy Jones demeure l’une des plus fructueuses de l’histoire de la musique.

Leur collaboration s’étend sur trois albums majeurs : Off the Wall (1979), Thriller (1982) et Bad (1987).

Quincy Jones, rencontré sur le tournage de The Wiz en 1977, devient bien plus qu’un simple producteur pour Michael : il est également un collaborateur, un conseiller, un ami et une figure paternelle de substitution.

« Quincy Jones le producteur devient, pour Michael Jackson, Quincy Jones le collaborateur, le conseiller, l’ami et le père de substitution », explique un biographe.

Durant cette décennie de collaboration, les deux hommes écrivent l’histoire de la musique, accompagnés de l’ingénieur du son Bruce Swedien.

Leur méthode de travail combine tradition et innovation : « Ce que je fais, c’est que j’écris la chanson et la musique, et Quincy arrive à sortir ce qu’il y a de mieux en moi », déclarait Michael.

Les sessions d’enregistrement étaient intenses et parfois conflictuelles. « Nous nous sommes disputés à propos de certaines choses.

Quand on se bagarre c’est toujours à propos des trucs d’avant-garde, de la technologie la plus récente », racontait Michael.

Quincy Jones poussait constamment Michael à se dépasser, même lorsque le chanteur souhaitait explorer de nouveaux territoires sonores.

Leur relation s’est terminée par un procès en 2013, Quincy Jones réclamant des droits d’auteur sur l’utilisation de morceaux des albums Bad et Thriller dans le film This Is It.

Il a finalement obtenu 9,4 millions de dollars de dommages et intérêts.

Bruce Swedien et l’« Acusonic Recording Process »

Bruce Swedien, ingénieur du son légendaire, a travaillé avec Michael Jackson sur tous ses albums majeurs depuis Off the Wall.

Il a développé une technique spéciale appelée l’« Acusonic Recording Process », un procédé qui visait à capturer l’authenticité et la chaleur de la voix de Michael.

« J’ai décidé d’enregistrer tous les morceaux en analogique d’abord », expliquait Swedien.

« Le son de l’analogique 24 pistes est très chaud et musical. Il capture la musique avec un grand réalisme ».

Chaque source sonore était enregistrée sur deux pistes en stéréo réel, utilisant des techniques comme la méthode Blumlein avec deux microphones bidirectionnels placés à 90 degrés pour créer l’image stéréo.

Pour capturer la voix de Michael, Swedien privilégiait des approches techniques et des stratégies de studio visant à conserver le plus fidèlement possible les expressions intimes et naturelles du chanteur.

Il utilisait des microphones spéciaux, des enregistrements analogiques, des techniques élaborées pour créer des prismes vocaux, et créait des espaces acoustiques naturels.

« Chaque élément était délibérément choisi, au service de la quête d’authenticité de Bruce Swedien, mêlant alternativement tradition et technologie », note un expert.

Pour l’album HIStory, Swedien a utilisé des techniques innovantes en employant des Acoustic Sciences Corporation tube traps de manière non conventionnelle pour contrôler l’acoustique de grands studios d’enregistrement.

Il suivait une approche systématique mais intuitive, élaborant soigneusement l’équilibre, le positionnement spatial et l’image stéréo pour chaque piste afin de correspondre au thème de la musique.

Les collaborations artistiques majeures de Michael Jackson

Michael Jackson a collaboré avec de nombreux artistes prestigieux tout au long de sa carrière. Parmi les collaborations les plus marquantes :

Paul McCartney : Les deux légendes ont enregistré ensemble « The Girl Is Mine » (1982) pour l’album Thriller et « Say Say Say » (1983).

Ces duos ont rencontré un succès commercial considérable et ont symbolisé la rencontre entre deux générations d’icônes musicales.

Eddie Van Halen : Le guitariste légendaire a joué le solo iconique de « Beat It » (1982). Sur les conseils de Quincy Jones, Michael Jackson a composé « Beat It » comme un « produit d’appel » destiné à un public blanc amateur de hard rock.

Le solo d’Eddie Van Halen, avec sa mélodie inoubliable, a permis une fusion parfaite entre la pop de Jackson et les envolées électriques du rock metal.

Mick Jagger : Le chanteur des Rolling Stones a collaboré avec Michael sur « State of Shock » (1984), un titre énergique issu de l’album Victory des Jacksons.

Stevie Wonder : Michael a enregistré « Just Good Friends » (1987) avec la légende de la soul.

Janet Jackson : La sœur cadette de Michael a participé au duo explosif « Scream » (1995), accompagné d’un clip au budget record.

Slash : Le guitariste de Guns N’ Roses a collaboré à plusieurs reprises avec Michael, notamment sur « Give In to Me » (1993) et « D.S. » (1995).

The Notorious B.I.G. : Le rappeur emblématique apparaît sur « This Time Around » (1995) et « Unbreakable » (2001).

We Are the World et USA for Africa (1985)

L’une des collaborations les plus importantes de Michael Jackson reste We Are the World, enregistrée en 1985 pour lever des fonds contre la famine en Éthiopie. Michael a co-écrit cette chanson caritative avec Lionel Richie, co-produite par Quincy Jones et Michael Omartian.

Le projet réunit 45 artistes parmi les plus célèbres de l’époque : Lionel Richie, Stevie Wonder, Paul Simon, Kenny Rogers, James Ingram, Tina Turner, Billy Joel, Diana Ross, Dionne Warwick, Willie Nelson, Bruce Springsteen, Kenny Loggins, Steve Perry, Daryl Hall, Bob Dylan, Ray Charles, Cyndi Lauper et plusieurs membres de la famille Jackson.

L’enregistrement a lieu le 28 janvier 1985, après la cérémonie des American Music Awards, aux A&M Recording Studios à Hollywood.

Quincy Jones a fait inscrire à l’entrée du studio : « Check your egos at the door » (« Laissez vos égos à la porte »).

La chanson sort le 7 mars 1985 et devient un succès commercial international phénoménal, se vendant à plus de 20 millions d’exemplaires et récoltant plus de 63 millions de dollars pour l’aide humanitaire.

Elle remporte trois Grammy Awards, un American Music Award et un People’s Choice Award.

Les techniques vocales de Michael Jackson

La voix de Michael Jackson se caractérise par sa polyvalence exceptionnelle et sa maîtrise de différents registres.

Sa tessiture s’étendait du mi 1 au sol# 4 sans recourir à la voix de tête ou falsetto.

Contrairement à une idée reçue, Michael ne chantait pas principalement en falsetto mais utilisait sa voix de poitrine (M1) en la façonnant différemment.

« L’une des plus grandes idées fausses (particulièrement de l’école classique) est qu’il chante principalement en falsetto, ce qui n’est pas vrai », explique un analyste vocal.

« Sa voix iconique était dans son M1 (registre de poitrine) mais il façonnait sa voix différemment.

Des chansons comme ‘The Way You Make Me Feel’, ‘Will You Be There’, ‘Remember the Time’ sonneraient complètement différemment s’il chantait en falsetto dans la plage A4-C5.

Elles n’auraient pas l’énergie qu’il apportait à ces chansons ».

Michael a travaillé quotidiennement avec Seth Riggs, professeur de chant réputé, qui lui a enseigné la technique du Speech Level Singing.

Les exercices visaient à gagner et conserver une homogénéité vocale sur toute la tessiture en gommant les ruptures de couleur et les sensations de passage d’un registre à l’autre.

Ses techniques incluaient également l’utilisation magistrale du falsetto, des grognements vocaux (vocal growls), des hoquets vocaux (vocal hiccups), du vibrato, de la voix aérienne, des cris et des techniques de distortion vocale.

« Il était capable d’ajouter distortion, grain ou une tonalité puissante dans le haut de la cinquième octave », note un expert. Sa précision de hauteur était légendaire, et son contrôle du souffle lui permettait de créer ces effets vocaux distinctifs.

Top 10 des meilleurs morceaux de Michael Jackson

Sur la base des classements établis par les critiques musicaux, les fans et les ventes, voici une sélection des dix morceaux les plus emblématiques de la carrière de Michael Jackson :

1. Billie Jean (1982) – Le titre phare de Thriller, avec sa ligne de basse hypnotique et son rythme funk-disco irrésistible. Cette chanson, décrite comme « sinueuse, paranoïaque et omniprésente », correspond à l’apparition du moonwalk, devenu la signature de Michael. Elle reste dans le cœur de nombreux fans comme la chanson numéro un de sa carrière.

2. Thriller (1982) – Le morceau-titre de l’album le plus vendu de tous les temps, accompagné d’un clip révolutionnaire réalisé par John Landis. Cette composition marque l’apogée de Michael Jackson à tous les niveaux : danse, voix, physique. Le clip, avec ses zombies dansants et ses effets spéciaux, a créé un mouvement d’effroi au sein du public familial de l’émission Champs-Élysées de Michel Drucker lors de sa diffusion.

3. Beat It (1982) – Un chef-d’œuvre de fusion entre pop et hard rock, avec le solo légendaire d’Eddie Van Halen. Le titre opère « une parfaite fusion entre la patte pop de Michael et les envolées électriques de cet hymne quasi-metal ».

4. Smooth Criminal (1987) – Une composition coproduite par Michael Jackson et Quincy Jones, célèbre pour son refrain entêtant « Annie, are you okay? » et son clip iconique présentant l’anti-gravity lean. La chorégraphie dans le style Fred Astaire, avec le costume blanc et le chapeau fedora, reste l’une des meilleures performances visuelles de Michael.

5. Man in the Mirror (1987) – Un hymne puissant sur le changement personnel et social, considéré par beaucoup comme la meilleure chanson de sa carrière. « Pour moi c’est vraiment la numéro 1 », affirme un critique. Cette ballade gospel, sans artifice, révèle Michael dans toute sa pureté vocale.

6. Black or White (1991) – Un mélange de styles entre pop, rock et rap, avec un clip mythique réalisé avec Macaulay Culkin. La séquence de morphing révolutionnaire et la métamorphose finale de Michael en panthère ont marqué l’histoire du vidéoclip.

7. Don’t Stop ’til You Get Enough (1979) – Le premier véritable chef-d’œuvre de Michael en solo, un disco-funk de haute volée qui a changé la face de la musique en août 1979. L’utilisation magistrale du falsetto et des tics vocaux distinctifs de Michael en font une chanson légendaire.

8. Earth Song (1995) – Une chanson de rébellion contre la destruction de l’environnement, avec des préoccupations humanitaires, animales et écologiques. La mélodie belle et mémorisable, rehaussée par un clip magnifique, contribue à faire de ce titre un classique incontournable.

9. Heal the World (1991) – La chanson dont Michael était le plus fier, écrite pour lutter contre la famine infantile. Cette ballade apaisante, enregistrée avec des voix d’enfants, délivre un message universel : « Guéris le monde, fais-en un meilleur endroit. Pour toi et pour moi et l’humanité tout entière ».

10. Rock With You (1979) – Un titre disco-soul sensuel issu d’Off the Wall, qui démontre la capacité de Michael à créer des mélodies irrésistibles et des arrangements sophistiqués. Cette chanson a contribué à établir Michael comme un artiste solo majeur.

L’évolution de son apparence et la chirurgie esthétique

L’évolution de l’apparence de Michael Jackson a suscité une fascination et des controverses considérables tout au long de sa carrière.

L’aspect le plus discuté de son parcours esthétique concerne sa série de rhinoplasties.

En 1979, Michael tombe lors du tournage du clip « Off the Wall » et affirme s’être cassé le nez, ce qui le pousse à subir sa première rhinoplastie.

Cependant, sa sœur La Toya Jackson contredit cette version, confiant que Michael était complexé par son nez et répétait : « Il est trop gros, je veux le faire refaire ».

Cette obsession résulte du traumatisme infligé par son père Joseph Jackson, qui le traitait de « gros nez », un nom qui a affecté le roi de la pop tout au long de sa vie.

« Son nez était devenu une obsession », confirme Pamela Lipkin, spécialiste en rhinoplastie.

Les experts estiment que Michael a subi au moins six rhinoplasties principales et plusieurs opérations secondaires.

Son biographe Taraborrelli déclare qu’il a eu sa première rhinoplastie en 1979, puis une autre entre 1983 et 1984, une troisième trois ans après, et une quatrième en 1986.

Au fil du temps, la structure du visage de Michael a également changé.

Les chirurgiens supposent qu’il avait eu recours à un lifting du front, une chirurgie des pommettes et une altération des lèvres.

Dans son autobiographie Moonwalk (1988), Jackson affirme avoir subi, en plus des deux rhinoplasties, une chirurgie visant à créer une fossette dans son menton.

À partir de 1986, il devient un client régulier d’Arnold Klein, dermatologue spécialisé dans l’injection de produit de comblement dermique.

Concernant l’éclaircissement de sa peau, Michael a révélé souffrir de vitiligo, une affection cutanée de longue durée caractérisée par la perte de pigmentation de la peau.

Si certains ont suggéré que des traitements cosmétiques avaient contribué à uniformiser son teint, Jackson lui-même a confirmé que le vitiligo était la principale cause de son changement d’apparence.

Cette transformation cutanée est devenue l’un des aspects les plus controversés de son image publique.

Son apparence finale, après de multiples interventions esthétiques, a pris un aspect presque sculpté et surréaliste.

L’autopsie de Jackson aurait révélé une cicatrice à côté de ses narines, une cicatrice derrière chacune de ses oreilles et deux cicatrices au cou, « probablement » de la chirurgie esthétique, ainsi que des tatouages cosmétiques sur les sourcils et les lèvres.

Pour dissimuler les défauts causés par la chirurgie, Michael portait souvent un masque en public.

Discographie d’un héritage immortel

Michael Jackson demeure une figure inégalée dans l’histoire de la musique populaire.

Son influence s’étend bien au-delà des simples chiffres de vente : il a révolutionné l’art du vidéoclip, transformant ce médium en une forme d’expression artistique à part entière.

Ses innovations chorégraphiques, du moonwalk à l’anti-gravity lean, continuent d’inspirer des générations de danseurs.

Sa voix unique, caractérisée par sa maîtrise exceptionnelle de différents registres et techniques vocales, demeure une référence pour les chanteurs contemporains.

Ses thèmes universels – l’amour, la solidarité, la protection de l’environnement, la lutte contre l’injustice – résonnent encore aujourd’hui.

Malgré les controverses qui ont entouré sa vie personnelle et sa transformation physique, l’œuvre musicale de Michael Jackson conserve toute sa puissance et sa pertinence.

Du petit garçon terrorisé de Gary, Indiana, au Roi incontesté de la Pop, Michael Jackson a tracé un parcours exceptionnel qui continue d’influencer la culture populaire mondiale.

Son héritage, cristallisé dans des albums comme Off the Wall, Thriller, Bad, Dangerous et HIStory, reste immortel et continue de toucher des millions de personnes à travers le monde.

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