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Histoire du titre Soul Makossa de Manu Dibango

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Soul Makossa est bien plus qu’une simple chanson : c’est un phénomène musical historique qui a transformé la perception de la musique africaine sur la scène mondiale. 

Enregistré en 1972 par le saxophoniste camerounais Manu Dibango en tant que face B d’un 45 tours destiné à soutenir l’équipe nationale du Cameroun à la Coupe d’Afrique des Nations, ce titre a connu une trajectoire extraordinaire, passant d’une création initialement moquée à un classique incontournable du disco et du funk. 

Son influence a dépassé les frontières musicales pour devenir un symbole de la reconnaissance internationale de l’art africain, tout en générant des enjeux juridiques majeurs concernant les droits d’auteur et le respect de la création musicale noire. 

Cette histoire illustre comment une création inspirée d’un rythme traditionnel camerounais, mélangée à des influences soul, peut transcender les cultures et marquer l’histoire de la musique moderne.

Origines et contexte de création

La Coupe d’Afrique des Nations 1972 et la commande ministérielle

L’histoire de Soul Makossa commence en 1971-1972, lorsque le Cameroun se prépare à accueillir la 8e édition de la Coupe d’Afrique des Nations à Yaoundé. 

Le ministre des Sports camerounais lance un appel d’offres pour la composition d’un hymne officiel destiné à soutenir l’équipe nationale durant la compétition. 

Manu Dibango, musicien et chef d’orchestre reconnu dans son pays natal, répond à cet appel et reçoit l’accord ministériel avec une subvention d’un million de francs CFA (équivalent à 20 000 francs français de l’époque) pour enregistrer cet hymne.

Le musicien compose alors « Mouvement Ewondo », un titre officiel solennel pensé pour le contexte sportif patriotique. 

Cet hymne est enregistré en face A du 45 tours prévu pour la distribution aux supporters camerounais. 

Cependant, comme c’est l’usage avec les disques vinyles de l’époque, il est nécessaire d’enregistrer une face B pour le disque n’être pas vide.

Création spontanée et réception négative initiale

C’est dans ce contexte que naît Soul Makossa. Manu Dibango, s’inspirant des rythmes traditionnels camerounais du makossa, crée un arrangement soul de ce style urbain populaire à Douala depuis les années 1950. 

Le makossa est un genre musical issu d’une danse traditionnelle sawa appelée Ambas-Bay, enrichi d’influences multiples : rumba congolaise, highlife ghanéen, merengue dominicain, jazz et musiques latines.

Pour créer le gimmick vocal caractéristique du titre, Dibango décompose simplement le mot « makossa » en le transformant en onomatopées musicales : « Mama ko, mama sa, mako makossa ». 

Ce qui semblait être une simple technique ludique révélera un impact musical majeur. 

Cependant, lors des répétitions à domicile chez ses parents à Douala, le titre suscite des moqueries généralisées. 

Les enfants du voisinage partent en fou rire, et même les parents du saxophoniste se moquent. 

Son père déclare sarcastiquement à sa mère : « Le Président a donné un million à ton fils pour aller faire du bruit », persuadé que la décomposition du mot relève d’un bégaiement involontaire.

Au ministère des Sports camerounais, le titre ne plaît pas davantage.

Les autorités considèrent qu’« Hymne de la 8e Coupe d’Afrique des Nations » est le vrai succès potentiel, tandis que Soul Makossa est perçu comme une farce musicale. 

Malgré ces prédictions pessimistes, Dibango distribue le disque gratuitement aux supporters camerounais comme prévu. 

Le Cameroun atteint les demi-finales mais perd face au Congo 1-0 (et plus largement 2-1 en finale supplémentaire), et les fans camerounais, dans leur déception, cassent massivement leurs disques.

Tout semble perdu pour Soul Makossa.

Pourtant, les mois qui suivent révèleront une tout autre destinée.

Timeline de l’histoire de Soul Makossa : des origines en 1972 aux enjeux juridiques de 2009

L’ascension mondiale du titre

De l’obscurité parisienne à l’explosion new-yorkaise

Malgré le fiasco initial au Cameroun, Manu Dibango s’enferme dans les studios Decca à Paris en fin d’année 1972 pour enregistrer un album studio complet intitulé simplement « Soul Makossa ». 

Ce premier disque bénéficie des arrangements de studios parisiens, notamment des claviers et des influences de Miles Davis selon le musicien. 

Le label Decca, peu enthousiaste, ne promeut pas vraiment cet album destiné à un public supposément niche.

Cependant, une distribution limitée en France crée l’inattendu : le disque se vend à 50 000 exemplaires en France durant l’année 1972. 

Ces acquisitions générent une circulation internationale cruciale : des Afro-américains de passage en France rapportent ce disque aux États-Unis, créant une demande organique dans les communautés noires new-yorkaises.

C’est à New York que se joue le véritable tournant. 

En fin d’année 1972, le DJ visionnaire David Mancuso, fondateur du Loft, le club underground et members-only emblématique du Lower Manhattan, trouve une copie de Soul Makossa dans un magasin West Indian Records à Brooklyn. 

Le Loft, fondé en février 1970 dans un ancien immeuble warehouse transformé en loft privé, était déjà devenu la matrice du mouvement disco. 

Mancuso, qui se qualifiait lui-même d’« hôte musical » plutôt que de DJ, avait créé un espace refuge pour les marginalisés de la société : gays, lesbiennes, transsexuels, personnes de couleur et non-binaires.[11][12][13][10][2]

Mancuso passe régulièrement Soul Makossa lors de ses soirées privées du Loft. 

La réaction du public est tellement positive que les quelques exemplaires disponibles à New York City sont rapidement épuisés. 

Le succès du titre au Loft provoque une demande frénétique dans les magasins de disques. 

La chanson est ensuite diffusée massivement par Frankie Crocker, le disc-jockey influent de WBLS, alors la station de radio noire new-yorkaise la plus populaire.

L’explosion des reprises

Cette popularité croissante crée un vide commercial qui donne naissance à une vague de reprises opportunistes. 

Comme le master original de Decca France était peu distribué et pratiquement invisible en Amérique du Nord, de nombreux groupes américains vite enregistrent leurs propres versions sans intention malveillante, mais pour répondre à la demande du marché. 

On dénombre ainsi au moins 23 versions différentes produites par des groupes comme Afrique, The Gaytones, The Mighty Tomcats, Babatunde Olatunji, the Nairobi Afro Band, Simon Kenyatta, les Ventures et All Directions.

Cependant, les reprises massives créent un dilemme commercial pour le label original. Atlantic Records, le prestigieux label américain fondé par Ahmet Ertegün, s’intéresse enfin au titre original. 

Ertegun est alors producteur de légendes de la soul et du rhythm & blues comme Ray Charles et Aretha Franklin.

Atlantic Records négocie avec Decca France pour obtenir les droits de distribution du master original de Manu Dibango en Amérique du Nord. 

Ce contrat intervient suffisamment tard dans le cycle commercial pour que les reprises aient déjà inondé le marché.

La conquête du chart américain et le sacre international

Malgré cette compétition intra-marchés, la version originale de Manu Dibango publiée par Atlantic Records parvient à se classer à la 35e place du Billboard Hot 100 américain en 1973, un exploit majeur.

Simultanément, la version par le groupe Afrique figure également dans le même classement. 

Cet exploit demeure sans précédent : aucun artiste africain n’avait jamais atteint le Top 40 américain auparavant.

Ce succès transforme la vie de Manu Dibango. En 1973, il doit quitter la France précipitamment pour New York après la visite d’Ahmet Ertegün. 

Une série de dix concerts au mythique Apollo Theater à Harlem lui est proposée, où il se produit en première partie des Temptations, alors au sommet des charts. 

Cette reconnaissance légitime un musicien africain sur la plus grande scène de la musique noire américaine.

Dibango raconte que cette expérience au cœur de Harlem l’a profondément marqué, le ramenant aux souvenirs de la blaxploitation et de figures comme Isaac Hayes avec son succès « Shaft ».

Soul Makossa devient rapidement un succès international, générant des reprises dans de nombreux contextes musicaux : reggae, salsa, disco, jazz et autres styles. Le titre s’impose comme un classique du afro-funk proto-disco de la première moitié des années 1970.

Dimensions musicales et génèse du rythme

Les racines du makossa camerounais

Pour comprendre Soul Makossa, il est crucial de saisir les origines du rythme makossa lui-même. 

Le terme « makossa » vient du dialecte douala, parlé dans la zone côtière du Cameroun, où « sa » signifie « danser » et « kô » signifie « tomber ».

Littéralement, makossa pourrait donc se traduire par « tomber dans la danse » ou « entrer dans la danse, être dans le coup ».

Le makossa émerge comme style urbain populaire à Douala dans les années 1950, durant une période d’urbanisation accélérée et d’électrification des infrastructures. 

Ses origines musicales combinent plusieurs influences synthétisées :

  • Rythmes traditionnels sawa : Ambas-Bay, Assiko, Bolobo, Essewè
  • Influences congolaises : Rumba du Congo Léopoldville (Zaïre), diffusée puissamment par la Radio Léopoldville dominante à l’époque
  • Highlife ghanéen : Importé des traditions musicales du Ghana et du Nigeria
  • Musiques latino-américaines : Merengue dominicain, mambo cubain, cha-cha-cha et autres rythmes afro-latins, diffusés via les disques GV d’EMI
  • Jazz et variétés françaises : Importées par radio et disques (Tino Rossi, Eddy Mitchell, Sacha Distel)

Selon le musicologue camerounais Francis Bebey, cité en 1984, l’essence du makossa réside dans cette capacity à absorber et intégrer des genres musicaux différents. 

Le rythme combinait une basse funky puissante, une section de cuivres énergique, des vocaux évocateurs et des arrangements de guitare inspirés de la rumba congolaise. 

Cette formule crée un son urbain, dansant, parfaitement adapté aux boîtes de nuit et clubs des grandes villes camerounaises.

Composition musicale de Soul Makossa

Quand Manu Dibango compose Soul Makossa, il applique une synthèse artistique personnelle à ce rythme makossa en mutation.

La chanson se caractérise par plusieurs éléments distinctifs :

  1. Basse funky hypnotisante : Une ligne de basse profonde et répétitive qui crée le fondement groovy du morceau
  2. Jeu de saxo énergique : Dibango utilise son saxophone ténor pour créer des passages mélodiques reconnaissables et un timbre chaud et grave
  3. Section rythmique puissante : Double basse et double batterie selon les arrangements, créant une impulsion presque chamanique
  4. Chant onomatopéique : Le gimmick vocal « Mama ko, mama sa, mako makossa » qui devient la signature sonore du titre
  5. Influences soul : L’arrangement incorpore des éléments soul-funk caractéristiques des années 1970, anticipant certains éléments du disco naissant

Ce mélange est décrit comme « jazz-funk », « proto-disco » et « afrofunk ».

La durée du titre enregistré est d’environ 4 minutes 30 secondes, structurant un momentum musical qui monte progressivement.

Paradoxalement, ce qui semblait ridicule lors des répétitions camerounaises la décomposition onomatopéique du mot « makossa » devient précisément l’élément le plus mémorable et commercial de la création. 

Le gimmick fonctionne parce qu’il est à la fois étrange et entraînant, créant une signature sonore incontournable que les danseurs du Loft, puis les auditeurs mondiaux, reconnaissent et répètent instinctivement.

L’impact sur le disco et les musiques de danse

Soul Makossa comme matrice du disco

L’importance de Soul Makossa pour l’émergence du disco ne peut être surestimée. Bien que le disco ne fasse son apparition officielle aux charts américains qu’en novembre 1974 avec la création du Billboard Disco Chart, Soul Makossa circulait déjà au Loft et dans les clubs underground de New York depuis le fin 1972. 

Le titre représente une convergence précoce des éléments clés du disco : rythme funky, arrangements orchestraux, résonance avec les communautés marginalisées urbaines, et danses sensorielles.

Soul Makossa a démontré que la musique africaine et afrodiasporique pouvait dominer les pistes de danse de manière inattendue. 

Le titre a contribué à l’établissement de David Mancuso comme figure légendaire du proto-disco. 

Le succès de Soul Makossa au Loft a influencé la curation musicale d’une génération de DJs qui suivraient Mancuso, établissant un précédent pour l’inclusion de musiques non-occidentales dans les répertoires dance.

Adaptations ultérieures et héritage styliste

Suite à l’explosion de Soul Makossa, plusieurs artistes camerounais ont exploré des variantes génrées du makossa, intégrant davantage d’influences externes. 

Ces évolutions ont donné naissance à des sous-genres tels que le « funky makossa », le « disco makossa », le « salsa makossa », le « soukous makossa », le « jazz makossa » et le « reggae makossa ». 

Manu Dibango lui-même a enregistré une version reggae de Soul Makossa en Jamaïque.

Cette multiplicité d’arrangements témoigne de la flexibilité fondamentale du concept musical de Soul Makossa. 

Le titre servait à la fois de fondation mélodique stable et de tremplin pour l’expérimentation génrée, anticipant la postmodernité musicale des décennies suivantes.

Les litiges de droits d’auteur : Michael Jackson et Rihanna

Le sample de Michael Jackson et le premier règlement

L’héritage de Soul Makossa s’entrelace inévitablement avec les enjeux juridiques modernes du sampling musical. 

En 1982, l’album « Thriller » de Michael Jackson devient le disque le plus vendu de tous les temps. 

Le premier titre de l’album, « Wanna Be Startin’ Somethin’ », enregistré en automne 1982 en Californie et composé par Jackson lui-même avec la production de Quincy Jones, intègre un sample direct du gimmick vocal de Soul Makossa.

Dans « Wanna Be Startin’ Somethin’ », Jackson chante « Mama-say, mama-sah, ma-ma-coo-sah », une variante du « Mama ko, mama sa, mako makossa » original de Dibango. 

Selon les écrits de Quincy Jones, cette version était censée être chantée en swahili plutôt qu’en douala, bien que la structure rythmique et la cadence restent identiques. 

Cependant, Michael Jackson avait initialement emprunté cette ligne sans obtenir explicitement la permission de Manu Dibango.

Manu Dibango, alors âgé de 75 ans, porte plainte en février 2009 contre les maisons de disques Sony BMG, Warner et EMI (labels respectifs de Jackson et de Rihanna), les demandant en justice au tribunal de grande instance de Paris et réclamant 500 000 euros en dommages et intérêts. 

L’avocate de Dibango, Maître Laurence Goldgrab, plaide pour un référé visant à bloquer les droits d’auteur des chansons en France et demande l’interdiction pure et simple de leur diffusion.

Finalement, en 1986 (suite à un accord négocié), Michael Jackson et Manu Dibango parviennent à un accord financier amiable, Jackson acceptant de payer à Dibango l’équivalent d’un million de francs français. 

Jackson, reconnaissant à titre préventif, agrée également de créditer Dibango pour l’autorisation du material, bien que les termes exacts du contrat demeurent confidentiels.

Le cas Rihanna et les subtilités de la cession de droits

L’affaire se complexifie davantage en 2007, quand Rihanna, chanteuse de pop américaine, intègre le sample du gimmick vocal dans son hit mondial « Don’t Stop the Music » de l’album « Good Girl Gone Bad ». 

Contrairement à Michael Jackson qui avait créé son propre arrangement, Rihanna reprend directement le sample du titre de Jackson « Wanna Be Startin’ Somethin’ ».

Crucialement, Rihanna demande la permission à Michael Jackson pour utiliser son sample, agissant en bonne foi et en grande admiratrice du « King of Pop ». 

Cependant, Jackson approuve cette demande sans contacte Manu Dibango préalablement, malgré son accord préalable avec le saxophoniste camerounais.

Lorsque Manu Dibango apprend l’utilisation du sample par Rihanna, il poursuit la chanteuse en justice en 2009, lui aussi via le tribunal parisien. 

Cependant, les résultats juridiques diffèrent du cas Jackson. Le tribunal déboutte Dibango sur la forme dans sa plainte contre Rihanna. 

Finalement, une procédure se solde par un arrangement financier à l’amiable, mais moins favorable que celui accordé par Jackson. 

Dibango obtient d’être crédité comme compositeur et auteur sur le titre de Rihanna, lui accordant les royalties de vente en France, mais il n’obtient pas les dommages et intérêts substantiels qu’il avait initialement réclamés.

Implications pour les droits d’auteur africains

Ces litiges révèlent des asymétries fondamentales dans la industrie musicale mondiale en matière de protection des créateurs africains. 

Manu Dibango lui-même commentait amèrement face aux caméras en 2009 : « Michael est incroyable, comment peut-on être malhonnête comme cela ? », rappelant que dans les années 1970, la réaction du public à Soul Makossa était si intense que « les gens enlevaient leur chemise, sortaient les briquets ».

Les procès de Dibango établissent un précédent juridique : l’utilisation d’un sample sans permission explicite du créateur original constitue une violation de droits d’auteur, même lorsque le sample a déjà été réutilisé par d’autres artistes. 

Cependant, l’écart entre le règlement Jackson (1986) et Rihanna (2009) suggère également que les jurisprudences et les négociations peuvent générer des résultats disparates. 

Le statut de Dibango comme créateur initial africain d’une œuvre profondément intégrée à la culture musicale noire américaine reste un enjeu de reconnaissance artistique et de justice compensatoire.

L’héritage durable et la reconnaissance mondiale

Statut dans l’histoire musicale africaine

Soul Makossa s’est consolidé comme l’un des plus grands titres de l’histoire musicale africaine. 

Manu Dibango est universellement reconnu comme un pionnier qui a ouvert la porte mondiale à la musique africaine en démontrant qu’un arrangement purement africain pouvait concourir avec succès sur les marchés mondiaux de la musique populaire. 

Son réussite a pavé la voie à une génération ultérieure d’artistes africains qui exploreraient les marchés internationaux.

En 2016, un coffret rétrospectif intitulé « Merci Thank You » a été publié, permettant une redécouverte impressionnante de la discographie du saxophoniste couvrant le jazz, le funk, le reggae et l’afrobeat. 

Ce coffret compile plusieurs décennies d’explorations génrées, mais Soul Makossa demeure son titre le plus reconnu mondialement et son plus grand succès commercial.

Reconnaissance officielle et hommages

Manu Dibango a également reçu des reconnaissances institutionnelles de son impact culturel. 

En 1995, il a été nommé ambassadeur de bonne volonté pour l’UNICEF. 

Il a continué à se produire et à enseigner jusqu’à un âge avancé, devenant une figure d’autorité et de mentorat musical pour les générations suivantes.

La mort de Manu Dibango le 24 mars 2020 des suites du COVID-19, à l’âge de 86 ans, a généré un émoi international significatif dans les communautés musicales et culturelles africaines, ainsi qu’une reconsidération urgente de son héritage à l’époque de la pandémie.

Impact sur la production musicale contemporaine

Soul Makossa s’est avéré être, selon les sources, « le morceau africain le plus samplé de l’histoire ».

Au-delà de Michael Jackson et Rihanna, de nombreux autres artistes ont réutilisé des éléments du titre ou se sont inspirés de sa structure musicale. 

Cette ubiquité musicale témoigne à la fois de l’excellence créative du titre et de son intégration profonde dans l’ADN de la musique populaire moderne.

La reconnaissance de Soul Makossa s’étend également aux sphères académiques et pédagogiques, où le titre est enseigné comme exemple paradigmatique de la fusion musicale transculturelle, de l’émergence du disco, et des enjeux complexes de l’appropriation culturelle et du sampling dans la musique électronique.

L’histoire de Soul Makossa incarne une trajectoire musicale extraordinaire : d’une création face B moquée pour une compétition sportive africaine à un classique intemporel qui a reshape la danse mondiale, influencé le disco naissant, et généré des enjeux juridiques qui continueraient à marquer les débats sur les droits d’auteur des musiciens africains pendant des décennies.

Manu Dibango, surnommé « Papa Groove », a démontré qu’un artiste africain pouvait non seulement concourir sur la scène musicale mondiale mais aussi établir une influence créative durable.

Soul Makossa symbolise l’intersection unique entre les traditions musicales africaines urbaines (le makossa), les influences globales (soul, funk, reggae, jazz), et l’innovation technique (le gimmick vocal iconique) qui caractérise la musique noire de la diaspora africaine.

Aujourd’hui, Soul Makossa demeure un élément fondateur dans l’histoire du disco, du funk et des musiques de danse électroniques.

Son succès a ouvert des portes pour d’innombrables artistes africains et afrodiasporiques, établissant le précédent que la créativité musicale africaine pouvait captiver les auditoires mondiaux.

Pour vous, tant que passionné de disco et de funk, Soul Makossa représente bien plus qu’une chanson : c’est un testament à la puissance transformatrice de la fusion musicale authentique et à la résilience des créateurs africains face aux systèmes mondiaux qui cherchent souvent à exploiter leur travail sans reconnaissance ou compensation adéquate.

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