Disco Funk

Comment « Yes Sir, I Can Boogie » de Baccara est devenu l’hymne de l’Écosse qualifiée pour la Coupe du monde

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La chanson disco « Yes Sir I Can Boogie » du duo espagnol Baccara, sortie en 1977, est passée du statut de tube européen kitsch à celui d’hymne non officiel et incontournable des supporters écossais, la « Tartan Army », à l’occasion des récentes qualifications de l’équipe nationale pour les tournois majeurs comme l’Euro 2020 et la Coupe du monde.

Cette transformation doit beaucoup à l’histoire originale d’un joueur et à l’élan collectif d’un peuple en quête de célébration et d’identité footballistique.

Origines d’un tube disco devenu culte

Sortie et succès initial (1977)

À sa sortie, « Yes Sir, I Can Boogie » était un pur produit de l’effervescence disco européenne.

Interprétée par le duo espagnol Baccara, composé de Mayte Mateos et María Mendiola, la chanson connaîtra un succès massif, se classant numéro un dans plusieurs pays européens, dont le Royaume-Uni.

Elle incarne alors l’insouciance et l’énergie festive de la fin des années 1970.

Une chanson associée à l’Écosse plusieurs décennies plus tard

C’est pourtant bien après son pic de popularité que le morceau va acquérir une dimension iconique dans la culture populaire écossaise — et ce, de manière totalement inattendue.

De l’anecdote privée à la légende nationale : le rôle d’Andy Considine

La vidéo de l’enterrement de vie de garçon (2015)

Tout commence en 2015, lorsqu’Andy Considine, défenseur du club d’Aberdeen, réalise avec des amis une vidéo parodique sur « Yes Sir, I Can Boogie » durant son enterrement de vie de garçon.

Déguisé en drag queen, il interprète la chanson dans une séquence festive et décalée.

Cette vidéo, d’abord strictement privée, devient virale dans le cercle des supporters d’Aberdeen, puis gagne en notoriété dans toute l’Écosse à partir de 2020.

La viralité grâce à la qualification écossaise à l’Euro 2020

En novembre 2020, l’équipe nationale d’Écosse bat la Serbie lors des barrages qualificatifs pour l’Euro, mettant ainsi fin à 22 ans d’absence dans les grands tournois internationaux.

Immédiatement après le match, dans le vestiaire, les joueurs, dont Andrew Considine lui-même, reprennent la chanson en chœur dans l’euphorie – une séquence filmée et largement partagée sur les réseaux sociaux.

Cette célébration, relayée par les comptes officiels et les fans, marque le début du phénomène national.

Adoption populaire : « Yes Sir I Can Boogie » comme hymne non officiel

Des vestiaires aux tribunes : la Tartan Army s’approprie le titre

La chanson sort alors du cadre des joueurs pour s’imposer comme l’hymne de la « Tartan Army », la communauté des supporters écossais.

Lors des matches, dans les stades ou dans la rue, l’air et les paroles de Baccara deviennent un symbole d’unité et de fête « à l’écossaise ».

Les vidéos de milliers de fans entonnant ce refrain lors des déplacements ou dans les fan-zones se multiplient et font le buzz, jusqu’à noyer les traditionnelles cornemuses sous les beats disco.

La reconnaissance par les artistes originaux et la presse internationale

Ce phénomène ravit aussi les membres survivants de Baccara, qui réagiront avec émotion à ce nouvel engouement.

María Mendiola, l’une des deux chanteuses, a exprimé sa gratitude envers l’équipe écossaise et Andy Considine pour avoir redonné une seconde vie à leur tube.

L’hymne jusqu’à la Coupe du monde et l’Euro 2024 : un manifeste identitaire

Un chant fédérateur au-delà des scores

Le choix de « Yes Sir, I Can Boogie » doit beaucoup à l’attitude légère et inclusive de la chanson : ni agressive ni grandiloquente, elle crée un sentiment de fraternité, d’humour et de second degré, à l’image de la culture populaire écossaise.

Lors des compétitions suivantes, Euro 2021 puis qualifications pour la Coupe du monde, et plus récemment l’Euro 2024, le titre continue de fédérer joueurs et supporters, devenant le symbole d’une Écosse fière de son identité et de ses exploits retrouvés.

Une tradition augmentée, entre remix et réappropriation

La dynamique virale a également donné lieu à de nombreuses reprises, remixes et clins d’œil médiatiques : remix de DJ locaux, reprises en live par des groupes écossais (les Fratellis), diffusion dans les transports lors des déplacements de supporters, et multiplication des playlists « Yes Sir, I Can Boogie » sur les réseaux officiels de la Fédération écossaise de football.

Une exception dans le folklore footballistique

Comparaison avec d’autres hymnes de supporters

Alors que de nombreuses équipes nationales ont leurs hymnes traditionnels ou compositions originales, l’Écosse s’est distinguée par l’adoption d’un tube pop-disco étranger, transformant une simple chanson de club en marqueur d’appartenance nationale, souvent chantée avec autodérision et enthousiasme communicatif, loin des codes du football conventionnel.

Les raisons du succès

Le succès du phénomène s’explique par :

  • L’identification collective autour d’un moment d’euphorie partagé.
  • Le pouvoir de la viralité et des réseaux sociaux pour relancer un morceau des années 1970.
  • La force de l’autodérision écossaise, capable de s’emparer d’un pastiche disco pour en faire un hymne.

L’histoire de « Yes Sir, I Can Boogie » comme hymne écossais est un parfait exemple de réinvention culturelle et d’appropriation populaire.

Elle illustre comment une simple chanson peut, grâce à un enchaînement d’anecdotes, de football, d’humour et de communauté, incarner l’identité, l’espoir retrouvé et la passion d’un peuple pour son équipe nationale, lors de moments clés comme la qualification à la Coupe du monde.

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