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En plein cœur de Memphis, dans un petit studio du 926 E. McLemore Avenue, une révolution musicale était en marche. Stax Records, né de la rencontre entre un frère et une sœur blancs, Jim Stewart et Estelle Axton, et une communauté d’artistes noirs, a redéfini les contours de la soul, du funk et du disco. À une époque où la ségrégation raciale déchirait les États-Unis, Stax a osé l’impensable : un label intégré, où musiciens noirs et blancs créaient ensemble un son brut, authentique, et profondément humain. De « Green Onions » à « Shaft », en passant par « (Sittin’ On) The Dock of the Bay », Stax a produit des tubes intemporels et lancé des carrières mythiques, devenant un symbole de résistance et d’innovation.
Mais comment ce label, parti de presque rien, a-t-il marqué à jamais l’histoire de la musique ? Plongeons dans l’épopée de Stax, entre succès fulgurants, défis sociaux et héritage indélébile.
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ToggleTout commence en 1957, lorsque Jim Stewart, violoniste de country, et sa sœur Estelle Axton, passionnée de rhythm and blues, décident de fonder un label. D’abord baptisé Satellite Records, il est rebaptisé Stax en 1960, contraction de leurs noms de famille (Stewart + Axton). Leur ambition ? Enregistrer des artistes locaux, sans se soucier des barrières raciales. Une audace rare dans le Sud des années 1960, où la ségrégation fait loi. Le studio, installé dans un ancien cinéma, devient rapidement un lieu de rencontre pour les talents de Memphis, qu’ils soient noirs ou blancs.
Stax émerge dans un Memphis marqué par les tensions raciales, mais aussi par une effervescence musicale unique. Contrairement à Motown, qui mise sur une production lissée et grand public, Stax cultive un son brut, spontané, ancré dans le gospel et le blues. Le label se distingue par son intégration raciale, tant parmi ses artistes que son personnel. Booker T. & the M.G.’s, le groupe maison, incarne cette mixité : deux Noirs (Booker T. Jones et Al Jackson Jr.) et deux Blancs (Steve Cropper et Donald « Duck » Dunn). Leur tube « Green Onions » (1962) devient l’hymne d’une nouvelle ère musicale, le « Memphis Sound ».
Stax attire et révèle des talents exceptionnels : Otis Redding, dont la voix rauque et émouvante incarne l’âme du label, Sam & Dave, duo explosif, ou encore Isaac Hayes, futur roi du funk. Le label signe aussi des artistes extérieurs à Memphis, comme Wilson Pickett ou les Staple Singers, élargissant son influence bien au-delà du Tennessee.
– « (Sittin’ On) The Dock of the Bay » (Otis Redding, 1968) : Enregistré quelques jours avant sa mort tragique, ce titre posthume devient le premier numéro 1 pop de Stax.
– « Soul Man » (Sam & Dave, 1967) : Un hymne à la fierté noire, écrit en réaction aux émeutes raciales.
– « Green Onions » (Booker T. & the M.G.’s, 1962) : Un instrumental qui définit le son Stax, avec ses orgues percutants et ses lignes de basse hypnotiques.
Stax mise sur l’improvisation et la simplicité. Pas de surproduction, mais des prises live, des cuivres puissants et des rythmiques envoûtantes. Les musiciens de studio, comme le guitariste Steve Cropper ou le batteur Al Jackson Jr., deviennent des architectes du « Southern Soul », un style plus organique et moins poli que celui de Motown.
Dans les années 1970, Stax se réinvente. Sous l’impulsion d’Al Bell, le label adopte un logo représentant une main noire qui claque des doigts, symbole de la « Black Pride ». Isaac Hayes, avec son album « Hot Buttered Soul » (1969), puis la bande originale de « Shaft » (1971), propulse Stax dans l’ère du funk. Ses arrangements orchestraux et ses grooves prolongés influencent des générations d’artistes, du disco au hip-hop.
La BO de « Shaft » remporte un Oscar en 1972, consacrant Stax comme un acteur majeur du funk. Hayes y mélange soul symphonique, wah-wah et rythmiques sourdantes, créant un modèle pour les bandes originales des décennies suivantes.
En 1968, Stax perd les droits sur son catalogue enregistré avant 1968, cédé à Atlantic dans un contrat désavantageux. Le label doit tout reconstruire, et Al Bell lance une campagne de production massive : 27 albums et 30 singles sortent en 1969, dont le triomphal « Hot Buttered Soul ».
Malgré des succès comme le festival Wattstax (1972), Stax sombre dans des difficultés financières. Le label ferme en 1975, mais son héritage perdure. Dans les années 2000, Concord Music Group relance Stax, rééditant des classiques et signant de nouveaux talents, comme Angie Stone ou Soulive.
Les samples de Stax sont omniprésents dans le hip-hop. Des morceaux comme « I’ll Take You There » (The Staple Singers) ou « Theme From Shaft » sont réutilisés par des artistes comme Kanye West ou Wu-Tang Clan, prouvant l’intemporalité du son Stax.
Aujourd’hui, le Stax Museum of American Soul Music, installé dans l’ancien studio, célèbre cette histoire.
Des rééditions vinyle et des compilations permettent aux diggers de redécouvrir ces pépites.
Stax continue de publier des compilations et de soutenir des artistes contemporains, comme Mavis Staples ou Nathaniel Rateliff, tout en numérisant son catalogue pour les plateformes de streaming.
En 2013, Barack Obama invite des légendes de Stax à la Maison-Blanche pour un concert célébrant la « Memphis Soul ».
Le label reste une référence, comme en témoignent les nombreux documentaires et livres qui lui sont consacrés.
À l’Écoute de Stax
Stax Records a transcendé les genres et les époques.
Son histoire est celle d’une musique sans frontières, portée par des artistes visionnaires et un esprit de résistance.
Pour prolonger l’expérience, voici 5 titres cultes à écouter sur Radiofunk.radio :
1. Otis Redding – « (Sittin’ On) The Dock of the Bay »
2. Booker T. & the M.G.’s – « Green Onions »
3. Isaac Hayes – « Theme From Shaft »
4. Sam & Dave – « Soul Man »
5. The Staple Singers – « I’ll Take You There
Quel est ton titre Stax préféré ?
Et si tu devais organiser une émission spéciale sur le label, quel angle choisirais-tu ?
Un focus sur les instrumentaux, les voix féminines, ou l’héritage funk ?
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