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Le disco, né aux États-Unis dans les années 1970, a traversé les décennies en se métamorphosant continuellement, évoluant des orchestrations soul et funk originelles vers les synthétiseurs des années 80, puis inspirant la house, la French Touch et même la synthwave contemporaine.
Cette transformation permanente illustre comment un genre musical peut non seulement survivre aux changements culturels, mais aussi nourrir de nouveaux mouvements artistiques en adaptant ses codes rythmiques et esthétiques aux innovations technologiques de chaque époque.
Table of Contents
ToggleLe mouvement traverse trois décennies distinctes, chacune marquée par des innovations technologiques et des contextes culturels spécifiques qui redéfinissent ses contours artistiques.
Les années 70 voient naître le genre dans les communautés afro-américaines et homosexuelles de New York, porté par des producteurs visionnaires et des labels comme Motown.
Cette période fondatrice privilégie les orchestrations luxuriantes, les cordes symphoniques et les arrangements sophistiqués de Barry White ou du Philadelphia International, établissant le fameux « four-on-the-floor » qui devient la signature rythmique incontournable.
Les années 80 marquent une rupture technologique majeure avec l’avènement des synthétiseurs numériques et des boîtes à rythmes programmables.
Cette décennie voit l’explosion de variantes régionales comme l’Italo-Disco avec ses sonorités futuristes et ses effets cosmiques, tandis que la Hi-NRG accélère les tempos pour créer une version survitaminée adaptée aux nouvelles pistes de danse.
La couleur sonore se métallise, privilégiant les timbres argentés et les reverbs digitales qui caractérisent l’époque.
La décennie 90 consacre la transformation du genre en matière première pour les DJ et producteurs de house music.
Le sampling permet de déconstruire et recombiner les classiques des années précédentes, donnant naissance à la « Diva House » qui redonne une seconde jeunesse aux voix mythiques.
En France, la French Touch s’empare de cette héritage pour créer des tubes planétaires comme « Music Sounds Better with You » de Stardust, fusionnant nostalgie disco et production ultra-moderne.
Cette période établit définitivement le remix comme art à part entière, transformant les dancefloors en laboratoires d’expérimentation sonore.
L’introduction des synthétiseurs et des technologies numériques révolutionne radicalement la production disco dès la fin des années 70.
Giorgio Moroder, producteur italien visionnaire, devient le pionnier de cette transformation en équipant ses studios d’un arsenal électronique comprenant synthétiseurs Moog, séquenceurs et boîtes à rythmes programmables.
Son travail avec Donna Summer sur « I Feel Love » (1977) marque un tournant décisif : ce titre entièrement électronique abandonne les orchestrations traditionnelles pour créer une hypnose répétitive basée sur des arpèges de synthé et une rythmique mécanique.
Cette approche technologique se généralise rapidement dans les studios, transformant les méthodes de composition et d’enregistrement.
Les producteurs remplacent progressivement les sections de cordes par des nappes synthétiques, les cuivres par des leads électroniques et intègrent des vocoders pour traiter les voix.
Les boîtes à rythmes comme la Roland TR-808 et la Linn Drum deviennent omniprésentes, offrant une précision rythmique impossible à obtenir avec des batteurs humains et permettant la création de patterns complexes répétés à l’infini.
Cette mutation électronique facilite également l’émergence du remix comme pratique créative autonome.
Les DJ peuvent désormais étendre les morceaux, isoler certains éléments et créer des versions alternatives adaptées aux pistes de danse.
Les premiers samplers, comme le Fairlight CMI utilisé par Art of Noise ou Herbie Hancock, permettent de découper et réassembler des fragments sonores, préfigurant les techniques de production house qui domineront les années 90.
L’Italo-Disco pousse cette logique électronique à son paroxysme avec des productions entièrement synthétiques caractérisées par leurs timbres métalliques, leurs effets de reverb spatiale et leurs mélodies robotiques.
Cette esthétique « artificielle » assumée influence durablement la culture électronique, établissant l’électronique non plus comme substitut des instruments acoustiques, mais comme langage musical autonome aux possibilités expressives propres.
L’héritage du disco a donné naissance à une constellation de genres électroniques qui perpétuent son ADN rythmique tout en explorant de nouvelles frontières sonores.
La house music, née à Chicago au milieu des années 80, constitue la filiation la plus directe en conservant le fameux « four-on-the-floor » tout en l’épurant grâce aux machines Roland TR-808 et TR-909.
Cette simplification rythmique libère l’espace pour des développements harmoniques plus subtils et des progressions hypnotiques qui transforment les pistes de danse en cathédrales électroniques.
L’Italo-Disco développe une esthétique particulièrement distinctive avec son utilisation abondante de synthétiseurs, de boîtes à rythmes et d’effets sonores futuristes qui confèrent à la musique une ambiance cosmique et une sonorité résolument rétro-futuriste.
Cette variante italienne privilégie des paroles romantiques et nostalgiques traitant de l’amour et des histoires d’été, souvent chantées en italien ou en anglais, ajoutant une dimension émotionnelle qui permet aux auditeurs de s’immerger dans l’atmosphère envoûtante de l’époque.
La Diva House des années 90 représente un renouveau du disco particulièrement populaire, née d’un regain d’intérêt pour les voix puissantes et théâtrales des chanteuses mythiques.
Ce sous-genre exploite le potentiel du sampling pour ressusciter les performances vocales légendaires, les déconstruisant et les réassemblant dans des arrangements house modernes.
Des artistes comme Loleatta Holloway connaissent ainsi plus de succès dans les années 80-90 qu’elles n’en avaient eu auparavant, stimulées par la mode du remix qui multiplie à l’infini les pseudo-nouvelles versions de leurs hits.
La French Touch établit une synthèse particulièrement raffinée en fusionnant house et disco pour créer des hits dancefloor intemporels, comme l’illustrent parfaitement les productions de Cassius.
Ce mouvement français impose un son novateur et immédiatement identifiable, exportable mondialement, grâce à des basslines filtrées et des rythmiques entraînantes qui définissent son esthétique signature.
Des labels comme Roulé, Crydamoure et Ed Banger portent cette révolution sonore qui influence durablement la scène électronique internationale.
La disco house émerge au XXIe siècle comme une renaissance contemporaine du genre, exploitant les nouvelles technologies numériques pour créer des hybridations inédites.
Cette évolution permet aux amateurs de vivre cette musique de nouvelles façons, notamment grâce à internet, aux webradios et aux lofts musicaux qui démocratisent l’accès à cette culture dansante.
Le remix devient même la composante essentielle du marché de la musique de danse, transformant chaque classique en matière première pour de nouvelles créations.
L’influence cinématographique sur la synthwave puise directement dans l’esthétique visuelle et sonore des films de science-fiction des années 80, créant une symbiose parfaite entre l’héritage disco et l’imaginaire futuriste de cette décennie.
Les compositeurs de bandes originales comme Giorgio Moroder, déjà pionnier de la transformation électronique du disco avec « I Feel Love », établissent les codes sonores qui définiront plus tard la synthwave en travaillant sur des films emblématiques.
Cette filiation cinématographique explique pourquoi la synthwave contemporaine évoque immédiatement les ambiances de Blade Runner, Tron ou Miami Vice, films qui utilisaient massivement les synthétiseurs pour créer des atmosphères néon-futuristes.
L’Italo-Disco des années 80 joue un rôle de passerelle crucial dans cette évolution, avec ses « effets sonores futuristes » et son « ambiance cosmique » qui rappellent « les sonorités des premiers jeux vidéo et des films de science-fiction de l’époque ».
Cette esthétique « artificielle » assumée, caractérisée par des timbres métalliques et des reverbs spatiales, préfigure directement les codes visuels et sonores de la synthwave moderne.
Les producteurs italiens exploitent déjà ces outils électroniques pour créer une sonorité résolument rétro-futuriste qui sera plus tard systématisée par les artistes synthwave.
La nostalgie cinématographique de la synthwave ne se contente pas de reprendre les sonorités disco électroniques mais reconstruit également l’imaginaire visuel de l’époque à travers ses clips et pochettes d’albums.
Les néons roses et violets, les grilles géométriques et les couchers de soleil digitaux qui accompagnent cette musique établissent un dialogue permanent avec l’esthétique des films des années 80, transformant chaque morceau en bande originale d’un film imaginaire.
Cette approche cinématographique permet à la synthwave de transcender le simple revival musical pour devenir un véritable univers transmédiatique qui réactive l’utopie technologique des années 80 à travers le prisme nostalgique contemporain.
Le club new-yorkais incarne parfaitement l’apogée de la culture disco et son influence sur l’évolution des lieux de fête contemporains. Situé au 254 ouest de la 54ème rue à Manhattan, cet ancien théâtre transformé en discothèque par Steve Rubell et Ian Schrager en avril 1977 révolutionne les codes du nightlife en créant un laboratoire social unique où se mélangent célébrités et anonymes.
L’innovation réside dans cette « vraie démocratie où pipeau les quidams se mêlent sans frontières », transcendant les barrières raciales et sexuelles dans une Amérique post-Vietnam en quête d’hédonisme.
L’architecture même du lieu favorise cette expérimentation sociale avec sa piste de danse centrale où « la cabine du dj et chico d’art aussi truman capote ou leila minnelli aiment s’y installer et choisir eux-mêmes les disques ».
Cette configuration révolutionnaire transforme les habitués en programmateurs occasionnels, démocratisant la création musicale et préfigurant l’émergence du DJ comme figure artistique à part entière.
La salle VIP installée au sous-sol et surnommée « sodome et gomorrhe » illustre cette radicalisation des espaces de fête qui repoussent tous les tabous.
La sélection draconienne à l’entrée, capable de refouler Mick Jagger et Frank Sinatra le soir de l’inauguration faute de place, établit un nouveau paradigm du clubbing élitiste qui influence encore aujourd’hui l’industrie nocturne.
Cette politique génère paradoxalement des légendes durables, comme l’épisode où Nile Rodgers et Bernard Edwards, refoulés par les videurs, transforment leur frustration en succès planétaire avec « Le Freak » de Chic.
Architectural Digest qualifie rétrospectivement le lieu comme « la boîte de nuit où le velvet rope est né », codifiant définitivement l’exclusivité comme composante marketing essentielle des clubs premium.
Cette courte existence de trois ans (1977-1980) laisse « une marque étincelante sur la culture populaire » qui « a transformé la vie nocturne à tout jamais », établissant les bases conceptuelles des superclubs contemporains qui revendiquent encore aujourd’hui cet héritage dans leurs stratégies de communication et d’événementiel.
Le Paradise Garage, surnommé « the Garage » ou « Gay-rage », s’impose comme le laboratoire d’expérimentation sonore le plus influent de l’histoire du disco et de la house music naissante.
Fondé par Michael Brody en 1977 dans un bâtiment de 10 000 pieds carrés situé au 84 King Street dans le quartier SoHo, ce club révolutionne l’approche du DJ en tant qu’artiste à part entière.
Contrairement aux discothèques traditionnelles privilégiant la conversation, le Garage « promoted dancing rather than verbal interaction, and it was the first to place the DJ at the center of attention ».
Larry Levan, DJ résident de 1977 à 1987, transforme ce lieu en « temple to music » grâce à sa « complete devotion to music, to dancing, to the party ».
Sa maîtrise technique et son approche artistique font de lui « really the first superstar DJ in history », capable de manipuler émotionnellement les danseurs sur des sets marathon.
Son style révolutionnaire consiste à « putting a roomful of people in the moment. Amazing them, surprising them, challenging, even confusing them; pushing, electrifying, loving them ».
Cette philosophie tranche radicalement avec les pratiques contemporaines où « most of today’s young clubbers » se contentent d’enchaînements prévisibles sans développement narratif.
Le système sonore du Garage, considéré comme « the best sound system in New York City » à l’époque, permet à Levan d’explorer des territoires musicaux inédits.
Sa programmation éclectique mélange sans complexe disco traditionnel, punk rock (The Clash, The Police), et musique expérimentale, créant un « garage style » qui influence durablement la production musicale.
Des artistes comme Madonna, Whitney Houston, Diana Ross et Grace Jones viennent s’y produire, bénéficiant de l’acoustique exceptionnelle et de l’énergie unique du lieu.
L’impact du Paradise Garage transcende largement le cadre nocturne new-yorkais. Le club inspire directement la création du Ministry of Sound londonien et établit les codes architecturaux et conceptuels des superclubs modernes.
Son influence sur le développement de la house music se matérialise à travers les DJ formés dans ses murs – Frankie Knuckles, Francois K, David Morales – qui exportent ensuite cette culture à Chicago et dans le monde entier.
La fermeture en 1987, consécutive à l’épidémie de SIDA qui décime la communauté gay new-yorkaise, marque la fin d’une époque.
Levan décède tragiquement en 1992 à 38 ans, mais son héritage perdure à travers les techniques de mixage, l’art du remix et la conception du DJ comme narrateur sonore qui définissent encore aujourd’hui la culture électronique mondiale.
La révolution sonore du Paradise Garage repose sur un système audio sur mesure conçu conjointement par Larry Levan et l’ingénieur acoustique Richard Long, établissant un nouveau paradigme où « la pièce était construite pour s’adapter au son plutôt que l’inverse ».
Cette approche révolutionnaire consiste à « régler le lieu selon le son, et pas l’inverse », transformant l’espace de 5 000 pieds carrés en une cathédrale électronique optimisée pour la danse.
L’architecture sonore s’articule autour des légendaires « Levan Horns », des caissons de sub-basses hyperbolic à pavillon pliant en « W » alimentés par deux drivers de 18 pouces de 500 watts chacun.
Ces extensions monumentales de 8 pieds de large et 3,5 pieds de haut génèrent « 28 pieds carrés d’embouchure » capables de « submerger un quatuor de Klipschorns agrandis jouant ensemble ».
Cette puissance phénoménale permet d’atteindre des pressions acoustiques exceptionnelles jusqu’à 30Hz, créant cette sensation physique où « tu pouvais sentir la basse faire pression sur ta poitrine, et faire vibrer le sol ».
La configuration multi-voies du système intègre quatre haut-parleurs de basses Waldorf, des pavillons JBL pour les aigus avec crossover électronique à 800Hz, et des arrays de tweeters JBL suspendus à 9 pieds au-dessus de la piste de danse.
Cette répartition verticale permet à Levan d’orchestrer dynamiquement l’espace sonore via un crossover spécial avec commutateur de gain qu’il manipule « pour l’effet, à un niveau plus élevé que le système principal ».
Le système Ultima disposé dans chaque coin complète cet arsenal avec ses trois sections empilables supportées par les Levan Horns.
L’amplification repose sur une sélection méticuleuse d’amplificateurs McIntosh pour les médiums et aigus, réputés pour leur « son propre et rond, gras », tandis que des amplificateurs Crown PSA et BGW modèles 750B et 1000 alimentent les caissons de graves.
Cette synergie entre composants haut de gamme et conception artisanale – Richard Long fabrique personnellement « les enceintes en bois à la main » – produit un rendu sonore d’une clarté et d’une puissance inégalées.
La philosophie opérationnelle de Levan transforme ce système en instrument vivant qu’il ajuste constamment.
« Plus la nuit avançait, plus le sound system chauffait et quand les gens s’agglutinaient devant, l’acoustique changeait », l’obligeant à modifier perpétuellement l’égaliseur pour maintenir la perfection sonore.
Cette approche scientifique fait de lui « un scientifique fou, en train d’expérimenter constamment pour essayer d’améliorer tout ce qui pouvait l’être », se ruant régulièrement au milieu du dancefloor pour vérifier l’impact acoustique de ses réglages.
Cette excellence technique établit un standard pour l’industrie moderne où « le son était l’essence même du club.
C’était toute une philosophie », influençant directement la conception des superclubs contemporains et posant les bases de l’ingénierie acoustique appliquée aux espaces de danse électronique.
L’histoire de la house music trouve ses racines dans une migration artistique providentielle entre New York et Chicago en 1977.
Lorsque les propriétaires du Warehouse contactent Larry Levan pour une résidence, celui-ci décline l’offre étant déjà engagé dans le projet Paradise Garage et recommande son ami d’enfance Frankie Knuckles, formé comme lui aux Continental Baths.
Cette recommandation s’avère décisive pour l’évolution de la musique électronique mondiale.
Knuckles débarque à Chicago en mars 1977 pour l’ouverture du Warehouse, un club installé dans un entrepôt industriel qui accueille principalement une clientèle noire et gay.
Contrairement aux attentes initiales d’un séjour de cinq ans maximum, il révolutionne rapidement la scène locale en important « the funky, soulful and dangerous side of disco » rarement entendu dans cette ville du Midwest.
Sa programmation forge une nouvelle esthétique qui transcende les codes disco traditionnels pour créer quelque chose d’inédit.
Le terme « house » émerge organiquement de cette expérience clubbing.
Selon Chip E, producteur pionnier du mouvement, l’étiquetage des disques dans son magasin en 1982 révèle l’origine du nom : « Kids were coming in looking for the older disco music.
They’d say ‘I want some of the music played at The Warehouse' » conduisant à l’affichage « As Heard at The Warehouse », puis simplement « The House ».
Cette terminologie se généralise rapidement pour désigner non pas un style musical précis mais « an attitude » – tout ce qui était underground, cool, jamais diffusé à la radio.
L’innovation technique de Knuckles consiste initialement à utiliser des « reel to reel tape recorders » pour créer des versions étendues des morceaux disco, ajoutant des intros, outros et breaks musicaux.
Cette approche artisanale évolue vers une sophistication croissante avec l’arrivée de la Roland TR-808 et des synthétiseurs bass comme la TB-303, instruments commercialement ratés mais adoptés massivement par les pionniers électroniques chicagoans.
Ces outils permettent la création des premiers « acid house tracks » vers le milieu des années 80.
Le contexte social amplifie l’impact culturel du mouvement.
La Disco Demolition Night de 1979 au Comiskey Park, où un animateur radio blanc fait exploser un container de disques majoritairement noirs devant une foule en émeute, symbolise le racisme latent envers cette musique.
Cette hostilité pousse définitivement le disco vers la clandestinité où il renaît transformé. Knuckles théorise cette mutation : « I view house as disco’s revenge ».
L’évolution institutionnelle du Warehouse illustre les tensions commerciales du mouvement.
Quand les propriétaires doublent le prix d’entrée fin 1982, Knuckles quitte le club pour fonder le Power Plant puis le Powerhouse, emmenant sa base de fans.
Le Warehouse devient alors le Muzic Box sous la direction de Ron Hardy, autre figure majeure qui contribue significativement au développement stylistique de la house. Cette scission crée une émulation créative entre les deux lieux qui accélère l’innovation musicale.
L’héritage du Warehouse dépasse largement Chicago pour influencer « countless subgenres » et irriguer « popular music on the radio » contemporaine.
Ce mouvement né de l’adaptation du disco aux réalités sociales du Midwest américain établit définitivement Chicago comme capitale mondiale de la house music, exportant ses codes rythmiques et sa philosophie hédoniste vers l’Europe et le reste du monde.
Le Ministry of Sound révolutionne la scène électronique londonienne dès son ouverture en 1991, s’imposant comme l’héritier direct des temples new-yorkais du disco et de la house music.
Fondé par James Palumbo et Justin Berkmann dans un ancien garage d’Elephant & Castle au 103 Gaunt Street, ce club inaugure une nouvelle ère pour la culture dansante britannique en important directement l’esthétique et la philosophie du Paradise Garage new-yorkais.
L’architecture du lieu privilégie avant tout l’expérience sonore avec « London’s legendary dancefloor and sound system » conçu spécifiquement pour reproduire la qualité acoustique exceptionnelle qui avait fait la réputation des clubs américains.
Cette approche technique révolutionnaire place le DJ au centre de l’attention et transforme chaque soirée en voyage musical immersif, perpétuant l’héritage de Larry Levan et Frankie Knuckles dans le contexte britannique des années 90.
Le club s’établit rapidement comme « a leading electronic music label since its launch in the mid-90s, when London was a primary hub of the then-burgeoning dance scene ».
Cette double identité club-label permet au Ministry de Shape non seulement les tendances nocturnes mais aussi la production musicale, créant un écosystème complet qui influence durablement la scène électronique mondiale.
Les DJ résidents et invités comme « Paul Oakenfold, Judge Jules » et autres figures légendaires contribuent à forger une programmation éclectique qui mélange house, trance et techno.
L’acquisition par Sony Music en 2016 marque un tournant stratégique majeur pour l’entité, qui évolue « beyond a traditional dance label » sous la direction de Dipesh Parmar et Amy Wheatley.
Cette intégration dans une major permet au label d’accéder à « a global infrastructure » tout en conservant son « independent ethos », démontrant comment les institutions du disco et de la house peuvent s’adapter aux évolutions industrielles contemporaines.
Le succès populaire du Ministry transcende largement le cadre clubbing traditionnel, attirant une clientèle diversifiée qui découvre parfois l’expérience en « afternoon ‘nightclubbing' ».
Cette ouverture permet au lieu de maintenir son statut de « phénomène de la scène de la dance » tout en démocratisant l’accès à une culture autrefois confidentielle, incarnant parfaitement l’évolution du disco vers une reconnaissance mainstream sans compromis artistique.
L’influence du disco sur la house music s’articule autour d’une transmission directe des codes rythmiques et esthétiques, portée par des figures pionnières qui transforment l’héritage dansant des années 70 en langage électronique contemporain.
Frankie Knuckles, surnommé le « Godfather of House », incarne parfaitement cette filiation en conservant le fameux « four-on-the-floor » disco tout en l’épurant grâce aux machines Roland TR-808 et TR-909.
Cette simplification rythmique libère l’espace sonore pour des développements harmoniques plus subtils et des progressions hypnotiques qui transforment les pistes de danse en cathédrales électroniques.
La mutation technique opérée par Knuckles au Warehouse révèle la continuité créative entre les deux genres. Initialement, il utilise des « reel-to-reel tape machines » pour étendre les morceaux disco classiques, ajoutant des intros, outros et breaks musicaux selon les techniques développées dans les clubs new-yorkais.
Cette approche artisanale évolue vers une sophistication croissante avec l’intégration de la Roland TB-303 et des samplers, permettant la création des premiers « acid house tracks » vers le milieu des années 80.
L’esthétique house perpétue également l’héritage social du disco en conservant sa fonction d’émancipation pour les communautés marginalisées.
Les clubs comme le Warehouse accueillent principalement une clientèle « gay Black men », perpétuant l’esprit inclusif des discothèques des années 70.
Cette continuité sociologique explique pourquoi la house music développe immédiatement un rapport privilégié aux voix féminines puissantes, héritant directement de l’esthétique « diva » inaugurée par Donna Summer et Gloria Gaynor.
L’innovation réside dans la déconstruction des arrangements disco traditionnels pour ne conserver que leurs éléments les plus dansants.
Les producteurs house éliminent progressivement les orchestrations complexes et les solos instrumentaux pour se concentrer sur des loops hypnotiques basés sur des patterns de quatre mesures répétés à l’infini.
Cette épuration formelle transforme l’expérience d’écoute : là où le disco privilégiait la variété mélodique sur des formats de trois à quatre minutes, la house explore la transe répétitive sur des durées étendues pouvant dépasser dix minutes.
Le sampling révolutionne définitivement cette transmission en permettant l’intégration directe de fragments disco dans les productions house.
Les voix de Loleatta Holloway, First Choice ou Jocelyn Brown deviennent la matière première de countless tubes house des années 90, créant une circularité temporelle où les interprètes originales connaissent plus de succès posthume qu’à leur époque de gloire.
Cette pratique établit le remix comme composante essentielle du marché de la musique électronique, transformant chaque classique disco en réservoir créatif pour les générations suivantes.
Culture Underground de New York
L’écosystème underground new-yorkais des années 70-80 forge un terrain fertile où le disco se métamorphose en mouvement de résistance culturelle, transcendant son statut de simple divertissement pour devenir le vecteur d’une révolution artistique totale.
Dans cette « zone sinistrée » de moins de trois kilomètres carrés du sud de Manhattan, abandonnée par l’industrie et la bourgeoisie, se développe « l’épicentre d’une incroyable révolution culturelle mariant théâtre underground, glam rock, performance et art vidéo ».
Cette concentration géographique exceptionnelle permet l’émergence d’un « véritable chaudron qui donnera entre autres naissance à un mouvement punk destiné à enflammer le monde », établissant le downtown comme laboratoire d’expérimentation où le disco côtoie et nourrit d’autres expressions artistiques radicales.
Cette effervescence underground illustre parfaitement la définition d’une « culture alternative » qui « se place à l’écart des médias de masse, voire en marge de la société », créant ses propres réseaux de diffusion et codes esthétiques.
Les lieux mythiques comme « Caffe Cino, The Factory, La MaMa, le Max’s Kansas, le Fillmore, le Chelsea Hotel ou le CBGB » fonctionnent en écosystème interconnecté où les figures emblématiques – « Andy Warhol, le dramaturge H.M. Koutoukas, la danseuse et cinéaste Shirley Clarke, le poète et leader des Fugs Ed Sanders, les chanteuses Patti Smith et Debbie Harry » – circulent et s’influencent mutuellement.
Cette perméabilité artistique explique comment le disco absorbe les innovations punk, glam et performance pour enrichir son vocabulaire créatif, anticipant ainsi sa mutation vers la house music électronique.
Du lundi au vendredi à 18h, DJ Tarek mixe le meilleur du funk, disco et boogie dans le Funky Show sur RADIO FUNK.
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Animé par Éric N.C
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