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La French Touch désigne un mouvement musical électronique né en France dans les années 1990 qui a révolutionné la scène internationale, porté par des artistes emblématiques comme Daft Punk, Air et Justice qui ont imposé un son unique mêlant house, funk et disco.
Aujourd’hui, cette expression s’est élargie pour incarner l’excellence créative française dans de nombreux secteurs, des industries culturelles aux nouvelles technologies, représentant un savoir-faire distinctement français reconnu mondialement.
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ToggleL’album Homework, sorti le 20 janvier 1997, constitue l’acte de naissance officiel de la French Touch sur la scène mondiale.
Ce premier opus du duo Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo a propulsé la musique électronique française sous les projecteurs internationaux, atteignant la 3e place des charts français, la 8e position au Royaume-Uni et se classant dans 14 pays différents.
L’album fusionne magistralement house, techno, acid, funk et hip-hop, créant un son distinctif qui influence encore aujourd’hui la production électronique mondiale.
Homework révolutionne également l’esthétique visuelle du mouvement avec ses clips iconiques réalisés par Spike Jonze, Michel Gondry et Roman Coppola, notamment pour « Da Funk » et « Around The World ».
Cette approche globale – mêlant innovation sonore et créativité visuelle – établit les codes de la French Touch : une production léchée, une identité forte et une capacité à transcender les frontières culturelles.
L’impact de l’album dépasse le cadre musical, inspirant une génération d’artistes français à explorer de nouvelles voies créatives et contribuant à forger la réputation d’excellence de la création française dans le domaine électronique.
Créé en mars 2003 par Pedro Winter à Montmartre, Ed Banger Records incarne parfaitement la « French Touch 2.0 » et prolonge l’héritage du mouvement électronique français initié dans les années 1990.
Le label naît de la volonté de Winter de « prendre le contrepied de la French Touch » traditionnelle et des « sous-Daft Punk » qui « pullulent » à l’époque, cherchant à définir un nouveau son saturé et compressé qui deviendra sa signature.
Cette approche se concrétise dès les premiers succès avec Justice et leur rework de « Never Be Alone » de Simian, qui entre dans les charts britanniques à la 20e place et remporte le prix du meilleur clip aux MTV Europe Music Awards en 2006.
L’explosion internationale d’Ed Banger s’accélère en 2007 avec l’album Cross de Justice, propulsant le label bien au-delà du microcosme électronique français vers les festivals majeurs et discothèques du monde entier.
Le roster impressionnant du label – incluant SebastiAn, Breakbot, Mr. Oizo, DJ Mehdi, Uffie et Busy P – développe une identité visuelle distinctive coordonnée par So Me, mêlant illustrations pop, éléments issus du skate et du graffiti dans un graphisme « très généreux » qui refuse la noblesse conventionnelle.
Cette approche globale fait d’Ed Banger l’un des labels français les plus respectés au monde, continuant à faire « danser la planète entière au son de l’électro française » deux décennies après sa création.
Stardust représente l’un des chapitres les plus fascinants de la French Touch avec son unique titre « Music Sounds Better With You », sorti en 1998, qui demeure l’un des plus grands classiques de la house française.
Cette collaboration exceptionnelle réunit Thomas Bangalter de Daft Punk, Alan Braxe et le chanteur Benjamin Diamond, créant un pont musical entre l’esthétique brute d’Homework et l’approche plus pop de Discovery.
Le morceau illustre parfaitement l’évolution de la musique électronique française vers une approche plus chaleureuse et accessible, abandonnant la froideur parfois associée au genre pour embrasser une sensualité disco assumée.
La force de « Music Sounds Better With You » réside dans sa capacité à transformer dix secondes de musique parfaite en un voyage hypnotique de plusieurs minutes, construisant son efficacité sur la répétition d’un hook de guitare disco irrésistible et des boucles vocales sensuelles.
Cette approche minimaliste mais redoutablement efficace a inspiré de nombreux producteurs internationaux, au point qu’Armand van Helden cite ce titre comme celui qu’il aurait aimé produire.
Paradoxalement, Stardust prouve qu’une seule chanson peut suffire à marquer l’histoire de la musique électronique, établissant un standard de qualité qui continue d’influencer la production house contemporaine.
Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo ont développé une approche de production révolutionnaire qui transcende leur travail sous le nom de Daft Punk, établissant les fondements techniques et esthétiques de la French Touch.
Leur collaboration s’étend bien au-delà du duo mythique : Bangalter participe notamment au projet Stardust avec « Music Sounds Better With You » en 1998, tandis que leurs techniques de production influencent directement une nouvelle génération d’artistes français.
Cette polyvalence créative illustre parfaitement la philosophie collaborative qui caractérise la scène électronique parisienne, où les frontières entre projets s’estompent au profit d’une émulation artistique collective.
Leur méthode de production se distingue par une approche artisanale du sampling et une attention particulière portée aux textures sonores, créant ce « son français » immédiatement reconnaissable qui mélange sophistication technique et groove irrésistible.
Cette signature sonore, d’abord développée sur Homework, évolue constamment à travers leurs différents projets parallèles, alimentant l’écosystème créatif de la French Touch où chaque collaboration enrichit le mouvement dans son ensemble.
Leur influence dépasse largement le cadre français, inspirant des producteurs du monde entier à adopter cette philosophie de production qui privilégie l’émotion et la danse à la démonstration technique pure.
Phoenix et Justice incarnent deux facettes complémentaires de l’évolution de la French Touch, démontrant comment le mouvement s’est diversifié pour conquérir de nouveaux territoires musicaux.
Phoenix, formé en 1995 à Versailles, développe une approche pop-rock légère influencée par les années 1970 qui trouve rapidement un écho dans les pays anglo-saxons, notamment grâce à l’utilisation de leurs titres « Too Young » et « If I Ever Feel Better » dans la bande originale de Lost in Translation de Sofia Coppola.
Cette reconnaissance internationale illustre la capacité de la French Touch à transcender les codes purement électroniques pour s’épanouir dans des registres plus mélodiques et cinématographiques.
À l’inverse, Justice révolutionne le mouvement en 2007 avec l’album Cross, modernisant radicalement la French Touch en y intégrant des influences rock et un son plus agressif.
Le duo, composé de Gaspard Augé et Xavier de Rosnay, développe une signature sonore basée sur des basses saturées et des riffs inspirés du rock, créant cette identité de « rockstars de l’électro ».
Pedro Winter, directeur d’Ed Banger Records, résume parfaitement cette dualité créative en déclarant avoir « son hémisphère gauche branché sur Daft Punk, son droit sur Justice », soulignant comment ces approches distinctes enrichissent mutuellement l’écosystème de la French Touch 2.0.
Quentin Dupieux, alias Mr. Oizo, enrichit l’univers de la French Touch avec Analog Worms Attack, son album de début sorti le 11 octobre 1999 chez F Communications.
Cet opus de 49 minutes et 40 secondes se distingue par une approche radicalement différente des productions house traditionnelles, privilégiant un minimalisme brut construit autour d’équipements analogiques, notamment le synthétiseur Korg MS-20.
L’album fusionne avec audace les influences de la house française et du hip-hop américain primitif, créant un univers sonore déstructuré où les beats et scratches semblent « passés au papier de verre ».
La force de Analog Worms Attack réside dans sa capacité à proposer une alternative expérimentale au mainstream électronique français de l’époque, établissant Mr. Oizo comme une figure singulière du mouvement.
Le critique John Bush d’AllMusic qualifie l’album de « régal décalé pour les chercheurs de culture pop et les véritables amateurs de musique », soulignant cette dualité entre accessibilité et avant-gardisme qui caractérise la production de Dupieux.
Des titres comme « Last Night a DJ Killed My Dog », référence directe au classique « Last Night a D.J. Saved My Life » d’Indeep, illustrent parfaitement cette approche détournée qui nourrit l’esthétique iconoclaste de la French Touch.
L’album bénéficie également des contributions du producteur Feadz pour les parties turntables, renforçant cette dimension collaborative typique de la scène parisienne.
L’album Cross de Justice, sorti en 2007, marque l’apogée commercial et critique de la French Touch nouvelle génération, atteignant la 11e place des charts français et culminant en première position des classements dance au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Cette réussite internationale propulse définitivement Xavier de Rosnay et Gaspard Augé au rang de superstars mondiales de l’électro, transformant le duo en véritables ambassadeurs de l’excellence créative française.
L’album révolutionne les codes de la production électronique grâce à trois techniques de sampling distinctes qui créent cette signature sonore immédiatement reconnaissable : des micro-échantillons façonnés note par note, des interpolations pop évidentes comme celle de Britney Spears et Madonna sur « D.A.N.C.E. », et des samples entièrement recréés pour s’intégrer parfaitement à leur univers musical.
La genèse de Cross illustre parfaitement l’approche artisanale française face à l’industrialisation de la musique électronique : chaque élément, des cordes aux basses en passant par les guitares, est méticuleusement échantillonné et retravaillé pour créer un ensemble cohérent.
Cette méthode de production exhaustive, comparable aux techniques de Daft Punk mais poussée encore plus loin, explique pourquoi l’album continue de « vieillir comme un grand vin » selon les spécialistes, conservant sa fraîcheur et son impact émotionnel près de deux décennies après sa sortie.
Le succès de Crossconfirme la capacité de la French Touch à se réinventer constamment, établissant Justice comme les héritiers légitimes de l’héritage électronique français tout en ouvrant de nouvelles perspectives créatives pour le mouvement.
Modjo apporte une dimension romantique inédite à la French Touch avec « Lady (Hear Me Tonight) », hymne planétaire sorti le 19 juin 2000 qui propulse instantanément le duo versaillais Yann Destagnol et Romain Tranchart sur le devant de la scène internationale.
Cette collaboration entre deux étudiants de l’American School of Modern Music à Paris illustre parfaitement la philosophie d’excellence technique du mouvement français : le titre échantillonne magistralement « Soup for One » de Chic, transformant la guitare funk de Nile Rodgers en boucle hypnotique sur un tempo de 128 BPM en si bémol mineur.
L’approche minimaliste mais redoutablement efficace du morceau – construite autour de paroles simples célébrant l’amour naissant et la danse nocturne – démontre la capacité unique de la French Touch à sublimer des éléments disco classiques pour créer des chefs-d’œuvre contemporains.
Le succès commercial phénoménal de « Lady (Hear Me Tonight) » confirme la domination française sur les pistes de danse mondiales : numéro un dans plus de dix pays incluant le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Italie et l’Espagne, et champion du Billboard Hot Dance Club Play aux États-Unis en janvier 2001.
Cette réussite internationale, qui fait du titre le 16e single le plus vendu de l’année 2000, établit Modjo comme un maillon essentiel de la chaîne créative française, au point que Chic intègre désormais le morceau à ses concerts en mashup avec l’original « Soup for One ».
Billboard consacre définitivement cette influence en classant « Lady (Hear Me Tonight) » parmi « The 100 Best Dance Songs of All Time » en 2025, témoignant de l’empreinte durable de la French Touch sur l’histoire de la musique électronique mondiale.
Cassius révolutionne la French Touch en 1999 avec leur titre « Cassius 1999 », marquant un tournant décisif dans l’évolution du mouvement électronique français vers une approche plus accessible et dansante.
Le duo parisien Philippe Cerboneschi et Hubert Blanc-Francard développe une formule particulièrement efficace qui mélange les codes house traditionnels avec des éléments funky plus prononcés, créant cette signature sonore immédiatement reconnaissable qui caractérise leur production.
Cette approche s’inscrit parfaitement dans la philosophie collaborative de la scène française, où chaque nouveau projet enrichit l’écosystème créatif global sans pour autant répéter les formules déjà établies par leurs prédécesseurs.
L’impact de « Cassius 1999 » dépasse largement le cadre hexagonal, établissant le duo comme une référence incontournable de l’électro française à l’international et consolidant la réputation mondiale de la French Touch.
Leur capacité à transformer des samples disco en hymnes contemporains démontre cette maîtrise technique typiquement française qui privilégie l’émotion et l’efficacité dansante à la complexité gratuite, confirmant que le mouvement continue d’évoluer en explorant de nouveaux territoires sonores tout en conservant ses codes esthétiques fondamentaux.
SebastiAn révolutionne l’esthétique de la French Touch contemporaine avec son EP Total, sorti en avril 2005 sur Ed Banger Records, qui établit une nouvelle direction créative pour le mouvement électronique français en intégrant des influences rock et punk particulièrement agressives.
Sébastien Akchoté-Bozović développe une signature sonore brutale et saturée qui contraste radicalement avec l’approche plus lisse de ses prédécesseurs, créant des compositions où les synthétiseurs analogiques sont poussés dans leurs retranchements pour produire des textures distordues et des basses écrasantes.
Cette approche révolutionnaire s’inscrit parfaitement dans la vision de Pedro Winter pour Ed Banger Records, qui cherchait à « prendre le contrepied de la French Touch traditionnelle » en développant un son compressé et saturé qui deviendrait la marque de fabrique du label.
L’impact de Total sur la scène électronique française se révèle déterminant pour l’évolution du mouvement vers des territoires plus expérimentaux et abrasifs, influençant directement l’émergence d’une nouvelle génération de producteurs français qui n’hésitent plus à fusionner électronique et rock.
SebastiAn démontre avec cet EP que la French Touch peut transcender ses codes disco-house originels pour explorer des univers sonores plus sombres et industriels, ouvrant la voie à des collaborations inattendues comme ses futurs remixes pour Daft Punk et Justice qui confirmeront sa position de figure incontournable de l’écosystème électronique parisien.
Pedro « Busy P » Winter incarne la figure du manager visionnaire qui a su transformer Ed Banger Records en véritable machine à créer des stars internationales, appliquant les leçons apprises durant sa décennie passée à manager Daft Punk (1996-2008) pour développer une approche unique de l’industrie musicale française.
Sa philosophie de management, résumée par sa devise « To protect & entertain », reflète cette dualité entre protection artistique et divertissement populaire qui caractérise sa gestion du label depuis 2003.
Winter développe une méthode collaborative particulièrement efficace, comme en témoigne son rôle déterminant dans la formation de Justice en connectant deux amis parisiens qui deviendront l’un des duos électroniques les plus influents au monde.
L’approche managériale de Busy P se distingue par sa capacité à identifier et développer des talents émergents tout en préservant leur authenticité créative, comme l’illustre parfaitement le cas de Myd dont l’album de débuts représente exactement cette vision : « Since the beginning my goal for Ed Banger was to release debut records of young artists, because I love to write stories and to put the first to break ground ».
Cette stratégie de développement d’artistes rookies permet au label de rester constamment renouvelé, Busy P expliquant que « having a rookie with us is essential, because he is bringing a new crowd, sharing a new story, and is putting out a new sound ».
Son expertise, reconnue par sa nomination en tant que Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres par le Ministre français de la Culture en 2016, confirme son statut d’ambassadeur de la French Touch selon le New York Times.
Christophe Le Friant, alias Bob Sinclar, représente l’une des figures les plus emblématiques et durables de la French Touch, ayant cofondé en 1990 avec DJ Yellow (Alain Hô) le label Yellow Productions dans le quartier du Marais parisien.
Ce label pionnier, qui célèbre aujourd’hui ses 30 ans, a joué un rôle déterminant dans l’émergence du mouvement électronique français, évoluant progressivement de la soul, du hip-hop et de l’acid jazz vers la house qui deviendra sa signature.
L’adoption du pseudonyme Bob Sinclar en référence au personnage incarné par Jean-Paul Belmondo dans Le Magnifique (1973) illustre parfaitement cette approche cinématographique et pop qui caractérise la French Touch, transformant ce qui devait être initialement un projet conceptuel unique en véritable empire musical.
Le parcours de Le Friant s’accélère spectaculairement avec la création du titre « Gym Tonic » en collaboration avec Thomas Bangalter de Daft Punk, échantillonnant la voix de Jane Fonda sans autorisation et déclenchant une bataille juridique qui paradoxalement propulse sa carrière internationale.
Cette capacité à transformer les controverses en succès commercial se confirme avec des hits planétaires comme « Love Generation » (générique de Star Academy en 2005) et « World, Hold On » avec Steve Edwards, établissant Bob Sinclar comme un ambassadeur incontournable de l’électro française capable de faire « danser la planète entière » selon les termes consacrés.
Yellow Productions continue aujourd’hui d’incarner cette diversité créative chère à la French Touch, rassemblant dans ses compilations anniversaires des artistes aussi variés que David Guetta, DJ Gregory, Martin Solveig et Salomé de Bahia.
Dimitri Yerasimos, alias Dimitri From Paris, incarne la figure du précurseur absolu de la French Touch, ayant introduit la house music en France dès les années 1980 à travers ses émissions pionnières sur Radio 7, Skyrock puis NRJ, devenant ainsi le premier DJ français à programmer un show hebdomadaire entièrement dédié à ce genre musical.
Son parcours débute par une passion dévorante pour la musique afro-américaine new-yorkaise, l’amenant à écumer les disquaires parisiens et à développer une expertise unique en matière de disco et de house qui fera de lui un remixeur incontournable pour des légendes comme Nile Rodgers, New Order et Björk.
Cette expertise culmine avec la sortie de l’album Sacrebleu qui se vend à un demi-million d’exemplaires et établit définitivement sa réputation internationale : « cet album faisait partie de la french touch, avec ce son unique, ce côté français qui était une blague pour moi mais qui plaisait aux étrangers ».
L’influence de Dimitri From Paris sur l’écosystème de la French Touch dépasse largement sa production personnelle, sa capacité à fusionner disco, house et influences sud-américaines ayant inspiré toute une génération d’artistes français dans leur approche du sampling et du remix.
Son nom d’artiste lui-même naît d’une anecdote révélatrice lors d’une soirée au Sound Factory Bar de New York, quand le légendaire danseur Willi Ninja l’accueille en s’exclamant « Are you Dimitree From Pariiiiiiiiisssss? », moment fondateur qui illustre parfaitement cette reconnaissance internationale de l’excellence française en matière de musique électronique.
Aujourd’hui encore, il continue d’incarner cette « French Touch » originelle à travers ses collaborations avec des institutions prestigieuses comme la Philharmonie de Paris, confirmant son statut de « pionnier de la house music en France » et de « spécialiste mondial du disco ».
Deux ans après la dissolution officielle de Daft Punk en 2021, Thomas Bangalter entame une trajectoire artistique radicalement différente avec son premier album solo Mythologies, sorti le 7 avril 2023 sur le label classique Erato Records.
Cette œuvre de 90 minutes, composée pour accompagner le ballet du même nom chorégraphié par Angelin Preljocaj et créé à l’Opéra de Bordeaux en juillet 2022, marque une rupture totale avec l’univers électronique qui l’a rendu célèbre.
Enregistré avec l’Orchestre national de Bordeaux Aquitaine sous la direction musicale de Romain Dumas, l’album révèle une facette méconnue du producteur français, puisant dans ses racines familiales – son père Daniel Vangarde étant compositeur et sa mère danseuse – et ses cours de piano suivis à l’Opéra de Paris dès l’âge de six ans.
Ce projet orchestral illustre parfaitement l’évolution personnelle de Bangalter qui déclare avec enthousiasme : « J’aime l’idée d’être débutant ».
L’artiste crée son propre label Alberts & Gothmaan – anagramme de son nom – pour distribuer cette production qui s’éloigne complètement des machines ayant fait sa gloire.
Cette démarche s’inscrit dans sa philosophie créative exprimée par sa phrase emblématique « Je n’aime pas faire ce que j’ai déjà fait », confirmant définitivement la fin de l’aventure Daft Punk qu’il décrit comme « une histoire avec un début, un milieu et une fin » tout en exprimant sa fierté du chemin parcouru.
Crydamoure Records, cofondé en 1997 par Guy-Manuel de Homem-Christo et Éric Chédeville, s’impose comme l’un des labels fondateurs de la French Touch aux côtés de Roulé, développant une esthétique sonore qui privilégie la house filtrée et l’électro caractérisées par l’usage intensif de samples disco, funk et soul retravaillés avec des effets comme le phaser, le flanger ou le vocoder.
Le nom du label, évoquant à la fois un « cri d’amour » et faisant écho au nom de Guy-Manuel, illustre cette approche émotionnelle de la production électronique qui distingue l’école française de ses homologues internationales plus industrielles.
Cette philosophie créative se traduit par un son plus brut et moins commercial que celui de Daft Punk, tout en conservant cette signature filtrée immédiatement reconnaissable qui définit l’identité de la French Touch.
L’influence de Crydamoure sur l’écosystème électronique français s’avère déterminante pour l’émergence d’une nouvelle génération de producteurs qui intègrent ces techniques de filtrage et de sampling dans leurs propres créations, confirmant le statut du label comme pilier du patrimoine French Touch.
Vingt ans après ses débuts, cette esthétique continue de résonner dans la production contemporaine, comme en témoignent les mix hommages réalisés par Boys Noize qui compile la quintessence des catalogues Roulé et Crydamoure, ou encore les reprises d’artistes actuels comme Malaa qui s’inspire directement de classiques du label dans ses sets.
Cette pérennité créative confirme que Crydamoure, au-delà de son impact initial, a contribué à établir les codes durables d’un mouvement qui continue d’influencer la scène électronique mondiale.
L’origine du sample de « Lady (Hear Me Tonight) » illustre parfaitement la capacité de la French Touch à révéler et sublimer des perles méconnues du patrimoine musical américain.
Le titre échantillonne « Soup for One » de Chic, morceau de 1982 composé par Nile Rodgers pour la bande originale du film éponyme avec Mariel Hemingway, qui était resté largement dans l’ombre du catalogue du groupe légendaire.
Cette redécouverte s’inscrit dans la tradition française du « crate digging », cette recherche obsessionnelle de raretés disco et funk qui caractérise l’approche des producteurs hexagonaux depuis les années 1990.
La reconnaissance internationale du sample atteint son apogée lorsque Nile Rodgers lui-même exprime son émerveillement devant cette transformation : « il était incroyable pour moi que quelqu’un puisse prendre une chanson appelée ‘Soup For One’, qui a été échantillonnée par Modjo et ils en ont fait un disque à succès appelé ‘Lady' ».
Cette validation du maître original confirme l’excellence technique du duo français et démontre comment la French Touch a contribué à faire redécouvrir des trésors cachés de la discographie de Chic, au point que le groupe intègre désormais « Lady » dans ses concerts en mashup avec l’original.
Cette circularité créative – du sample français vers la reconnaissance américaine puis le retour sur scène – symbolise parfaitement l’impact culturel mondial de la French Touch.
La renaissance disco française contemporaine trouve ses racines dans l’héritage pionnier des années 1970-1980 avec des figures comme Marc Cerrone, dont les innovations techniques ont posé les bases du fameux « four-on-the-floor » qui deviendra l’épine dorsale de la house music.
Cette filiation directe entre disco français originel et French Touch moderne se manifeste aujourd’hui à travers une nouvelle génération d’artistes qui puisent consciemment dans ce patrimoine musical national, créant un pont entre l’excellence créative historique et les productions contemporaines.
Des titres récents comme « Barbra Streisand » de Duck Sauce d’Armand van Helden, « Pick Up » de DJ Koze ou « Techno Disco Tool » de Mella Dee démontrent que l’esthétique filter house caractéristique de la French Touch continue de nourrir la création internationale.
Cette résurgence s’accompagne d’une reconnaissance institutionnelle du rôle fondateur de la France dans l’évolution du disco, comme en témoigne l’exposition dédiée de la Philharmonie de Paris qui célèbre l’impact durable des pionniers français sur le genre.
Le mouvement actuel se distingue par sa capacité à réinventer les codes disco traditionnels en y intégrant les acquis techniques et esthétiques de quatre décennies de French Touch, créant un continuum créatif où les samples des années 1970-1980 continuent de « refuser de mourir » selon l’expression consacrée, alimentant une production qui demeure « attachante et populaire » auprès du public mondial.
Pedro Winter débute sa carrière de DJ en 1992 lorsqu’il découvre la scène rave parisienne underground, développant progressivement une passion pour le DJing et la musique électronique qui le mènera à devenir l’une des figures les plus influentes du mouvement français.
À 20 ans, au milieu des années 1990, il lance ses propres soirées « Hype » qui font rapidement de lui la mascotte de la scène house parisienne naissante.
Sa popularité croissante et son réseau l’amènent à organiser des événements au Folie’s Pigalle puis au Palace à la demande de David Guetta, alors « king de la nuit parisienne », transformant ce club de 300 places en point de ralliement privilégié de toute la nouvelle scène électronique française.
Ces soirées légendaires voient défiler sur les platines tous les futurs piliers de la French Touch : Dimitri from Paris, Daft Punk, DJ Gregory, Motorbass et Bob Sinclar partagent les décks de ce « petit club minuscule » qui devient le berceau du mouvement.
Pedro Winter développe parallèlement sa carrière artistique sous le pseudonyme Busy P – surnom hérité de ses années de skateboard – produisant des classiques comme « Rainbow Man » qui devient un hit synchronisé utilisé par Calvin Klein et Google, ou « To Protect & Entertain » featuring Murs, véritable ode à la nightlife de Los Angeles en 2008 considérée aujourd’hui comme l’un des jalons du mouvement Bloghaus.
Sa production la plus récente, « MPC 2021 » co-produite avec feu DJ Mehdi et featuring Santigold et Benjamin Epps, figure même dans la campagne Louis Vuitton de Virgil Abloh, confirmant son statut d’icône culturelle qui transcende les frontières musicales.
Mixé par DJ Tarek From Paris
18:00 - 19:00
Animé par Éric N.C
19:00 - 21:00
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